vendredi 13 mars 2015

DEVELOPPEMENT DURABLE ET L'AVENIR DE L'INDE EN MILIEU URBAIN / SUSTAINABLE DEVELOPMENT AND INDIA'S URBAN FUTURE


ANGLOPHONES, PLEASE SCROLL DOWN !


"DEVELOPPEMENT DURABLE ET L'AVENIR DE L'INDE EN MILIEU URBAIN" (05-02-2015)

         
          EW assistait a cette conference internationale, tenue a l'Universite Francis-Xavier de Tirunelveli (Tamil Nadu), que l'on appelle "l'Oxford de l'Inde du Sud".

       Nous avons souvent souligne, dans de precedents articles, les nombreux aspects de la pauvrete rurale en Inde : manque d'eau potable et d'hygiene, conditions de logement souvent deplorables, malnutrition, taux tres eleve d'illetrisme et mauvaises recoltes...  Dans cette nation qui est essentiellement agraire, trop nombreux sont ceux qui se sont retrouves ecrases sous les dettes et a la merci d'usuriers sans scrupules.  (EW, d'ailleurs, avait participe a la premiere conference nationale sur le suicide en milieu agricole qui s'etait tenue a l'Universite Annanagar de Guntur (Andhra Pradesh) en 2005).




    Parterre de fleurs en guise de bienvenue / Floral design to welcome participants


               Aujourd'hui l'Inde est bien en-dessous de la moyenne mondiale en terme de population urbaine.  La moitie des habitants de la planete vivent en milieu urbain, tandis que ce chiffre tombe a tout juste 31% pour le Sous-Continent (chiffres : recensement 2013).  Parmi l'ensemble de la population citadine, des centaines de millions d'Indiens vivent dans les "mega-villes" - telles que Mumbai, Delhi, Calcutta, Chennai.  Selon les organisateurs de la conference, celles-ci ne peuvent pas supporter le poids de beaucoup plus de nouveaux venus a la recherche d'une "vie meilleure".  Ceci est du au manque de nourriture, d'eau, a l'echec des plans d'urbanisme et a l'inadaptation des infrastructures.  Selon l'un des conferenciers, Mumbai (Bombay) a le plus grand bidonville du monde : deja 7 millions d'indigents dans des baraques et des taudis, le long de la route qui mene a l'aeroport international...

          Donc, si la population continue d'augmenter a un rythme de 1-2% par an (c'est-a-dire 50% superieur au taux de natalite de la Chine), a quoi pourrait ressembler une "Nouvelle Inde" durable ?  C'est la question que tous les intervenants ont abordee sous des angles differents.
   

Inauguration traditionnelle tamoule de la Conference / Traditional Tamil Inauguration

          L'invite d'honneur, Nicholas Falk, fondateur et Directeur de l'URBED en Angleterre, croit, pour sa part, que l'avenir de l'Inde repose sur le developpement des conglomerations de taille moyenne (une cinquantaine de villes indiennes ont plus d'un million d'habitants, et beaucoup plus atteignent une population d'au moins 250,000 - comme Tirunelveli, d'ailleurs). Falk a souligne de graves erreurs commises dans le monde occidental industrialise, en citant quelques malheureux exemples a eviter.  Il faudrait que les pays emergents arrivent a passer directement a l'etape au-dessus ("leap-frogging") s'ils veulent creer un reseau integre de villes "intelligentes". Le developpement durable de celles-ci serait base sur :

-  Preservation et mise en valeur de l'heritage architectural
-  Excellence quant aux transports en commun - ou le pieton est roi
-  Reduction drastique des depenses en energie (+ solaire et eoliennes)
-  Amelioration de la sante, de la nutrition et de l'education
- Creation d'un reseau efficace de pouponnieres d'entreprises pour aider a produire de la richesse veritablement durable...

          De nombreuses communications ont ete presentees lors de "sessions techniques", et les organisateurs ont invite EW a co-dirige l'une de celles-ci. Lubna Suraiya a analyse l'impact des infrastructures sur le developpement economique de l'Inde ; selon elle, le manque de fonds publics et de fonds d'investissement en capitaux a laisse le pays en etat de sous-developpement, et ceci depuis l'independance il y a 60 ans, malgre certains "projets de prestige" (comme la centrale nucleaire toute proche de Tirunelveli et la relativement recente "super-nationale"). 



Conferencieres et le Dr. Nagarajan - Responsable du Developpement (SCAD - Tirunelveli) / Conference Speakers and Dr. Nagarajan - Executive Director of Development (SCAD)

          Le docteur A. Hamil, quant a elle, a presente une communication sur la creation et l'utilisation du "seuil de pauvrete" dont les criteres sont pour le moins douteux.  Des experts indiens ont etabli une definition institutionnelle selon laquelle les citadins sont consideres comme veritablement "pauvres" s'ils disposent de moins de 47 roupies par jour (environ 65 centimes) pour survivre.  Cette somme correspond au prix d'un trajet de bus local, d'une tasse de the prise a un etal, d'une bouteille d'eau et d'un kilo de tomates, selon Hamil.  Une roupie de plus et l'indigent en question n'est plus officellement considere comme pauvre...

          D'autres communications, egalement tres interessantes, traitaient de sujets tels que la disparite en termes de niveau de vie entre citadins et paysans, ou les defis auxquels les groupes femmes d'auto-developpement ("women's self-help groups") doivent faire face, par exemple...  D'autres presentations faisaient etat d'etudes empiriques sur des realites actuelles de la vie au Tamil Nadu.  Le Dr. SAR. Ameena a etudie la tradition de la "maison-cadeau".  Dans des villages cotiers a majorite musulmane, les parents de la jeune mariee doivent inclure dans la dot une maison toute neuve.  Cette pratique a eu des effets tres deleteres sur le plan de l'urbanisme, a fait flamber les prix du foncier, et a degrade l'environnement...  Mme. Ananthi, elle, a souligne la deterioration des conditions socio-economiques de la communaute des potiers de Madurai - 2e ville du Tamil Nadu.


Fleurs de lotus a l'accueil / Lotus Flowers to Welcome all Participants

          Dans les discussions qui suivaient, les questions fusaient de toutes parts.  Les sujets recurrents touchaient notamment la corruption, la production de la richesse "durable" et la gestion des dechets de tous ordres.  Dans un pays de plus de 1,2 milliards d'habitants, cela releve d'une tache absolument herculeenne.  Comment disposer des dechets menagers, des eaux usees, et des rejets industriels ?  (Ce dernier sujet s'est revele etre d'une actualite brulante. le Hindu venait, en effet, de publier la semaine meme de la conference, un grand reportage sur la "Tragedie de Ranipet", dans la region.  La societe Chromates and Chemicals, Ltd. a deverse 450,000 tonnes de dechets toxiques sur une periode de 20 ans, contaminant ainsi la nappe phreatique dans un rayon de 30 kilometres.  Bien que la production ait cesse en 1995, aujourd'hui meme il reste encore un monticule d'une hauteur de 3 a 5 metres de chrome hexavelent - cancerigene bien connu - et qui recouvre environ 3 hectares.  Par comparaison, la situation denoncee par Erin Brockovich concernant les victimes de Hinkley en Californie ne fait pas le poids...)   

     Cette conference internationale a ete l'occasion de riches echanges et EW a ete heureuse de pouvoir y participer.  Cela a permis de mieux comprendre comment l'Inde pouvait, au 21e siecle, tracer son chemin vers un avenir durable.

ENGLISH-LANGUAGE VERSION :


"SUSTAINABLE DEVELOPMENT AND INDIA'S URBAN FUTURE"  (5 February 2015)

     EW was present at this international seminar held on February 5th at Francis-Xavier College in Tirunelveli (Tamil Nadu) - known as the "Oxford of South India".


     Many of our previous blog articles have highlighted the numerous facets of poverty in rural India - lack of safe drinking water or basic sanitation, poor housing, malnutrition, high rates of illiteracy, and crop failure...  All too many members of this overwhelmingly agricultural nation have been squeezed between staggering debt and heavy-handed money lenders...  (EW participated in the 1st pan-national conference on agrarian suicide, held at Annanagar University in Guntur (Andhra Pradesh) back in 2005).


Panel


     Today the country remains far behind the world average in terms of its urbanized population.  Worldwide, half of all the planet's inhabitants now live in cities, whereas the figure falls to just 31% for the sub-continent (figures : 2013 census). Of the hundreds of millions of city-dwellers, many are in the country's "mega-cities" (Mumbai, Delhi, Calcutta, Chennai) which, according to the conference's organizers cannot sustainably bear the weight of many more newcomers in search of a "better life" - due to lack of sufficient food, water, urban planning inadequacies and decrepit infrastructure...  Mumbai (formerly Bombay), noted one conference speaker, has the largest slum in the entire world : 7 million alone living in the huts and shanties out by the city's international airport.


     So, if the population continues to grow at its current 1-2 % per year (a rate 50% higher than the birth rate in China), if rural exodus continues, and if these mega-cities are already saturated, what then might a sustainable "New India" look like ?  This was the question all speakers tried to address from one angle or another.


Dr. Nicholas Falk - URBED


     Keynote speaker, Nicholas Falk, founding director of URBED in England, shared his belief that perhaps India's future lies in the development of the nation's middle-sized conglomerations (roughly 50 Indian cities have a population of over one million, and many more range from a quarter million or more - like Tirunelveli itself).  Falk highlighted some of the serious mistakes made in the Industrialized West - as a cautionary tale of what to avoid here in India.  Hopefully it will be possible to leap-frog over such past planning errors so as to create a future integrated web of "smart" cities that would be truly sustainable, based on :


-  Treasuring past urban roots / protecting "heritage" buildings
-  Creating excellence in mass transit, with pedestrian as king
-  Drastically cutting back on energy use (+ solar and wind power)
-  Improving health, nutrition, and education
-  developing business "incubators" to help create lasting wealth...


     Numerous papers were presented in different "technical sessions", and EW was asked to serve on one of the panels here.  Ms. Lubna Suraiya analyzed the role infrastructure itself plays on overall economic development in India.  A lack of public funding and capital funds has kept the country in a sorry state of under-development, despite some "prestige projects" (like the area's nuclear plant and the relatively new "super-highway"), she stated.


     Dr. A. Hamil assessed the creation and use of the official Indian "poverty line" whose benchmarks are specious at best.  National experts have determined that urban dwellers are "poor" only if they have fewer than 47 rupees per day (65 cents) to survive.  This sum corresponds to daily metropolitan bus-fare, a cup of tea, a bottle of water and a kilo of tomatoes, indicated Hamil.  One rupee more and the urban indigent are no longer deemed to be officially impoverished...

Etudiants de Maitrise-2 presents a la Conference / Some Graduate Student Attendees 

     Other interesting papers, addressed such topics as the growing economic disparity between India's city- and country-dwellers and the challenges faced by "Women's Self-Help Groups", for example. There were also empirical studies based on current realities in Tamil Nadu.  Dr. SAR. Ameena, for example, discussed the tradition of building a new "gift house" as part of the dowry offered to virtually all newlyweds in Muslim coastal communities.  This has had highly deleterious effects on land use and the environment.  M. Ananthi underscored the rapidly degrading socio-economic conditions of the potter community in Madurai - Tamil Nadu's second-largest city.


     There was vigorous interaction in the ensuing question-and-answer sessions and recurring issues concerned corruption, sustainable income generation and waste management.  In a country of 1.2+ billion people, this is a truly Herculean task.  How to safely dispose of household rubbish, solid waste and industrial by-products ?  (This latter problem simultaneously came to the fore when The Hindu very recently broke the story of the local "Ranipet Tragedy".  The firm Chromates & Chemicals, Ltd. secretly dumped 450,000 tons of toxic waste over a 20-year period, thus contaminating the ground water in a surrounding radius of 30 kms.  Although actual production ceased in 1995, even today there is still a stockpile, three to five meters deep, of waste laced with carcinogenic hexavalent chromium, covering roughly 6 acres.  In comparison, Erin Brockovich's Hinkley, California is small-fry...)


     This conference provided a rich forum for international exchange and EW was happy to have been able to participate in seeing how India might best trace its path toward a sustainable future on into the 21st century.


A l'interieur du Temple de Tirunelveli / Inside Tirunelveli's Temple

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