mardi 30 juin 2015

ECO-TOURISM IN INDIA - EW's New Initiatives / ECO-TOURISME EN INDE - De nouvelles initiatives EW


ANGLOPHONES, PLEASE SCROLL DOWN !


(ARTICLE 3/3)

ECO-TOURISME EN INDE :

De nouvelles initiatives EW 


Femme Irulas qui puise de l'eau / Irulas Tribal Woman at the Village Well

          Voici donc le dernier des trois articles concernant l'éco-tourisme dans le Sud de l'Inde, où EW a passé beaucoup de temps à la fin de sa mission du printemps 2015.  Il s'agissait de trouver une véritable alternative au tourisme de masse et, dans ce but, EW s'est rendu dans la région des Nilgiris ("Montagnes Bleues", en Tamoul).  Notre ONG a travaillé avec les peuples tribaux Irulas et deux personnes-relais - Fr. Thama et Bosco Serafen - tous deux habitants de Kotagiri (nord-ouest du Tamil Nadu).  (Nos prochains articles du blog, d'ailleurs, vont mettre en exergue cette même région car, actuellement, deux membres EW sont sur place - pour effectuer une mission d'enseignement dans une école bilingue pour enfants tribaux.)

          En effet, tout à fait au bas de l'échelle du système des castes indien (théoriquement aboli lors de l'indépendance en 1947, mais toujours d'actualité) se trouvent les peuples dits "tribaux" qui vivent en Inde depuis des milliers d'années.  Bien qu'ils bénéficient de certains programmes de "discrimination positive", créés par le gouvernement, leur niveau de développement socio-économique demeure grossièrement insuffisant.  Leurs revenus sont aussi maigres que le niveau scolaire est bas.  Ils sont très isolés géographiquement, et ne bénéficient pas d'infrastructures adéquates : logements insalubres, manque de transports en commun, ou encore d'eau potable ou d'hygiène.  Le chômage est omniprésent et il est très difficile de trouver un emploi stable - même en tant que journalier ("coolie") dans une des plantations de thé.  La région est luxuriante - l'une des dernières en Inde où l'on trouve beaucoup de faune sauvage : panthères, tigres, éléphants, ours, bisons sauvages...  Mais, à cause de la déforestation, de la dégradation  de l'éco-système et du poids démographique, ces grands prédateurs s'attaquent plus fréquemment aux êtres humains, en particulier aux femmes qui travaillent sur les plantations isolées.  Selon The Hindu, plusieurs d'entre elles ont été victimes de tigres affamés au cours du printemps et, trois jours avant l'arrivée d'EW dans la région, une femme était mortellement blessée près d'une pompe par un ours assoiffé.  Lorsque son mari a jeté des pierres pour essayer de détourner l'attention de l'animal, l'ours s'est retourné sur lui, et l'a éventré... 

Vue sur les Nilgiris ("Montagnes Bleues") du Monastère - Overlooking the Nilgiris Mountains - from the Don Bosco Monastery outside Kotagiri, Tamil Nadu

          Dans un tel tableau de pauvreté, il était évident qu'aucune initiative "touristique", à elle seule, serait une panacée.  Des séjours chez l'habitant pourraient apporter une aide non-négligeable mais il fallait certainement une approche plus intégrée.  Dans ce but, EW s'est rendu dans les villages de montagne qui entourent Kotagiri et a simplement commencé à interroger les villageois : quelles étaient leurs priorités ?  Quels étaient, selon eux, leurs  principaux problèmes ?  Et leurs propres ressources et points forts pour y faire face ? ("Resource-Mapping").  Comment les utiliser au mieux ? Comment aider le peuple Irulas à avancer dans la direction qu'il souhaitait ?

           La priorité claire exprimée par les leaders de la communauté et leur tout premier objectif - trouver du travail.  Ce sont des gens qui ne veulent pas se contenter d'allocations, de l'aumône pour les plus pauvres des pauvres en Inde.  Ils veulent tout simplement gagner leur vie comme tout un chacun. Toutefois, compte tenu de leurs qualifications actuelles et de leur isolement géographique, il est évident qu'aucun travail régulier et convenablement payé ne s'offre à eux.  Certains membres tribaux gagnent un petit pécule en vendant de l'artisanat, comme des balais en roseaux, ou des produits de la forêt qu'ils sont seuls à pouvoir récolter sur leurs terres ancestrales - miel sauvage, graines de poivre et de café, plantes "à savon", etc.  EW s'est vite rendu compte que de tels échanges économiques se faisaient toujours au détriment des Tribaux.  En effet, des "agents" - intermédiaires venus des grandes villes - achètent tous ces produits à vil prix pour les revendre une fortune.  Seule une approche de nature collective permettrait aux Irulas de peser plus dans ces échanges.  De plus, ce travail de marketing et de vente en commun ferait en sorte que les différentes communautés Irulas joindraient leurs efforts plutôt que de se concurrencer.  Evincer les intermédiaires, transformer les produits sur place, de préférence (plutôt que de vendre le miel brut, par exemple, il serait plus rentable de vendre des pots de fruits de jacquier préservé dans du miel...)  De la même manière, évincer tous les "requins" du circuit économique et créer d'une manière intensive des groupes d'entraide pour le développement ("self-help groups").  Créer un fond de roulement à faible taux d'intérêt, voire sans intérêt du tout (chose qu'EW pratique depuis des années), pour que les individus ou les petits groupes se lancent dans différentes activités de nature à générer un revenu.

Autel Tribal / Tribal Altar

          Au cours des différents déplacements EW sur le terrain, l'enthousiasme des peuples Tribaux était manifeste et a permis le début d'un "brainstorming" collectif (remue-méninges).  Avec un peu plus de confiance en soi et un renforcement des compétences professionnelles et linguistiques, il deviendrait possible de créer des activités lucratives, comme le trekking, par exemple.  Au fur et à mesure qu'ils commençaient à voir de nouvelles opportunités économiques, les anciens des villages souhaitaient contacter l'Office National des Forêts en Inde, en vue d'obtenir l'autorisation nécessaire pour ouvrir un stand au bord de la route nationale, afin d'assurer le marketing et la vente collective de leurs propres produits.  Il s'agissait de travailler ensemble pour se libérer d'une certaine servitude mentale:  ce n'est pas parce que l'on est pauvre, qu'on doit le rester...   Il va sans dire qu'il n'y a pas de chemin facile vers une autonomie économique express.  Mais, EW était émerveillée de constater que, une fois de nouvelles voies ouvertes, l'on sentait que les Irulas commençaient à croire en leur propre valeur.  Ils ont tous leur "doctorat" dans leur spécialité : l'écologie et l'environnement de la montagne.  Ils connaissent toutes les plantes médicinales, ils savent fabriquer un shampoing bio à partir de graines sauvages, ils ont les compétences pour la récolte dangereuse du miel des hauts rochers, ils peuvent expliquer en détail les habitudes d'alimentation et de reproduction de la faune locale...  Tout ceci équivaut à une niche économique viable, si l'on arrive à mettre en liaison leurs savoirs avec le bon public.

Cueillette de thé / The Tea Harvest

          Et comment serait-il possible de pratiquer l'éco-tourisme dans ce cadre tribal ?  L'une des plaintes récurrentes était l'état déplorable des habitations.  EW a pu le voir de ses propres yeux - toitures défoncées, murs extérieurs en torchis très abîmés par la mousson récente, manque de sanitaires, etc...  Dans la mesure où les Irulas eux-mêmes n'ont pas de toiture en dur, il n'est pas question d'organiser un programme de logement ("homestays") chez l'habitant tel qu'il est pratiqué ailleurs, au Kerala, par exemple.  (A moins qu'un programme de microcrédit ne permette des investissements importants pour créer des "cottages" au niveau de confort occidental, qui seraient gérés par un groupe d'auto-développement).

          Toutefois, une alternative de logement pour d'éventuels touristes s'est rapidement imposée.  Elle procurerait à la fois tout le confort nécessaire aux visiteurs et une rentrée de capital - qui serait entièrement utilisée en faveur de toute la communauté tribale.  Kotagiri, est décrite par un résident local comme étant un "Petit Vatican" car, pour des raisons historiques, plus d'une trentaine de congrégations catholiques y sont représentées.  Cela fait partie de l'histoire de la domination coloniale...  Bien que les Chrétiens ne constituent qu'une petite fraction de la population globale de l'Inde, ils sont bien présents dans les Etats du Sud du pays - suite à l'évangélisation du Basque St. François-Xavier au 16è siècle.  La communauté chrétienne est très active dans le domaine social et de nombreuses congrégations ont acheté des propriétés dans la région des Nilgiris - zone tempérée permettant aux colons d'échapper aux canicules de la Plaine. 

Jeunes filles tribales Irulas préparant leurs examens / Irulas Tribal Girls Preparing their Exams

          Suivant les conseils d'une amie de Nagercoil, EW a été logée dans la région des Irulas, au Monastère du Mont Don Bosco, dirigé par Fr. Thama.  Ce lieu magique se trouve en plein milieu des plantations de thé, perché sur une colline, à 10 minutes à pied du centre de Kotagiri.  La spécificité de cet endroit, outre sa beauté époustouflante, est que la plupart des bâtiments - faits pour loger une centaine de moines salésiens - sont actuellement inoccupés !  Le siège de Chennai avait décidé, il y a quelques années, de transférer la plupart de ses activités vers d'autres lieux, laissant ainsi le Mont Don Bosco pratiquement vide.  C'est un endroit idéal pour des visiteurs de passage - des chambres simples mais propres et accueillantes, pour des individus ou des familles, et la possibilité de bénéficier de 3 repas excellents de cuisine indienne par jour.  Tout ceci pour la moitié du prix d'un séjour à Amboori (voir l'article précédent pour plus de détails - 1er juin 2015).  Tout bénéfice net serait utilisé pour des programmes en faveur de la population tribale (alphabétisation, cours de langue, apprentissages, activités sportives, initiation à l'informatique, etc.)  Ceci fait d'autant plus sens que la grande spécialité de l'Ordre Salésien est justement l'éducation et les jeunes.  A aucun moment, Fr. Thama ne fait de prosélytisme ; au contraire, son mantra est que "chaque individu doit se sentir parfaitement libre"...  La seule stipulation était que le siège de Chennai (The Citadel) donne son feu vert.  Juste avant le départ de EW en avril, des liens solides avaient déjà été établis et les initiatives de notre ONG avaient été approuvées.


Chambre au Monastère / Room at the Monastery

            Maintenant que des "séjours chez l'habitant" au Monastère sont possibles, sans qu'il y ait des ponctions d'aucune sorte, EW se penche sur d'autres initiatives dans la région : un fonds de roulement de micro-crédit et la création d'une coopérative de développement économique pan-tribale, d'une part, et l'organisation de "camps d'été" ("summer service camps") pour les adolescents défavorisés de Kotagiri.  L'idée sous-jacente est que même les jeunes de milieu très pauvre, qui profitent de différentes activités du Mont Don Bosco peuvent, eux aussi, à leur tour, avoir beaucoup à donner aux autres.  Il serait possible d'organiser des camps de vacances d'été pour eux, dans des zones tribales, où ils apprendraient à mieux connaître l'écologie du milieu forestier, en échange de quelques heures pour aider à reconstruire les huttes endommagées.  EW pourrait aider à fournir les matérieux de construction nécessaires, ainsi que la nourriture et le transport pour les jeunes.

        Après avoir longuement étudié la question de savoir comment assurer une "produit éco-tourime" réellement pertinent, EW tâtonne encore et continue d'explorer.  Nous espérons faire appel à des jeunes spécialistes de marketing ici en France pour aider à fédérer tout le travail en ce sens dans la région des Nilgiris, et également à mettre en réseau tous nos partenaires dans le sud de l'Inde - de Tirunelveli, de Nagercoil, de Kanyakumari, de Palani...  Tout ceci est aussi passionnant que chronophage, mais le programme, dans son ensemble, offre tant de belles perspectives.  Ceci serait une situation véritablement "gagnant-gagnant" - où l'argent des visiteurs occidentaux serait finalement dépensé à bon escient, assurant à la fois de merveilleuses vacances pour les uns et un essor réel socio-économique et environnemental pour les démunis du Sud de l'Inde.         

(Merci à Bosco, à Fr. Thama, et à S. Leema pour leur aide, leurs visions et l'interprétariat sans lesquels nous n'aurions pas pu accomplir notre travail !)

(Voir plus loin pour d'autres photos...)



Un bison sauvage - tombée de la nuit / Wild bison at Nightfall



Plantations de thé dans le Nilgiris / Tea Estates - in the Nilgiris Region


ENGLISH-LANGUAGE VERSION :

ECO-TOURISM IN INDIA - EW's New Initiatives

          This is the last in a 3-part series dealing with eco-tourism in South India and this corresponds to the tail end of the most recent EW mission there in the spring of 2015.  In an effort to try and see how to "get things right" as per any successful alternative to "mass tourism", EW went up and spent 3 weeks in the Nilgiris area ("Blue Mountains", in Tamil), working with the Irulas Tribal Peoples and 2 "relay-persons" - Fr. Thama and Bosco Serafen - based in the town of Kotagiri, Tamil Nadu. (And the upcoming blog articles will also be from Kotagiri as at this very moment EW has 2 of its members in the field there, teaching in the English-Medium School for the Irulas Tribal children - more soon !)

          Those on the very bottom of the Indian caste system (allegedly abolished at independence in 1947, but tenaciously persistant nonetheless) are "Tribal Peoples" - who have been living in the area for literally millenia.  They now benefit from some affirmative-action type programs but, overall, their level of development remains pitiful.  They suffer from low income, low educational levels, geographic isolation, and grossly inadequate infrastructure - poor housing, spotty bus access, lack of safe drinking water or proper sanitation.  Unemployment is rampant and regular work - even as coolie day laborers in the surrounding "Tea Estates" - is difficult to come by.  The area is lush and luxuriant - one of the last areas of real wildlife in India : panthers, tigers, elephants, bears, wild bison...  But due to deforestation and loss of habitat for other large game like deer, these predators have occasionally taken to eating Estate Workers.  Several women workers had been attacked by hungry tigers over the course of the spring, according to The Hindu, and, just 3 days before EW's arrival in the area, a woman had been mortally wounded at a pump house by a thirsty bear.  When her husband threw rocks at the animal, trying to distract it away from his wife, the bear turned on him and eviscerated the man in one swipe... 


Ecolière Irulas / Irulas School-girl

           Against this backdrop of abject poverty, it was clear that no tourism initiative, taken alone, would be a panacea.  Tourist "homestays" might provide part of the solution, but a more "integrated approach" was surely called for.  So EW headed up into the mountain villages surrounding Kotagiri and began by simply asking villagers what was on their "wish-lists".  What did they see as being the principal problems ?  Could they begin any "resource-mapping", in an effort to see what collective talents were already available to the community ? How might these be put to best use ? How could any gaps or holes be filled to help move the Irulas tribal villages in their chosen direction?


          First and foremost the community leaders indicated that tribal members aspired to work.  No one would be satisfied with a little compensatory government stipend for the most excluded members of Indian society ; they merely wanted an opportunity to make an honest living.  Yet given their current skill level and geographic isolation, it was clear that not many steady, good-paying jobs were available anywhere nearby.  Some tribal members made some spare cash through the sale of traditional handicrafts, like short-handled dried-grass brooms, or through the sale of forest products that they alone were allowed to collect on their ancestral lands - mountain honey, pepper and coffee seeds, seeds ground into a paste to make organic shampoo, etc.  But it quickly became clear that the hard work collecting such pure mountain products was grossly underpaid, as "agents" (largely middle-men from big cities down on the Tamil plains) came and bought up stock for a song...  So several socio-economic truths soon became apparent.  A truly collective approach - with a single group co-op - would allow greater visibilty for Irulas products, with joint marketing, so that no one Irulas village would be pitted against its neighbor in a different mountain pocket.  Chuck out the middle-men, and transform products on site, thus enhancing the value of their own raw materials (sell jack-fruit preserved in mountain honey rather than merely sell the honey itself, for example).  Turn any money-lenders out on their ear, and establish local Self-Help Groups.  Make available a low-interest, or no interest microcredit revolving fund so that individuals or small groups could undertake different entrepreneurial endeavors. 


Thé à perte de vue / Tea Plants at one of the Local "Tea Estates"

           With each visit, the enthusiasm was palpable and led to collective brainstorming.  With a little more self-confidence and rudimentary language skills, lucrative activities like trekking might become possible.  Village elders were keenly interested in seeing how the local Forest Service might be able to help grant access to roadside stands for more effective tribal-based marketing of their own products, as they began to see new economic possibilities emerge.  Working together to break, first and foremost, the mental chains of "once poor, always poor".  Obviously there is no "yellow brick road" to overnight economic self-sufficiency, but once new paths had begun to take shape (thanks in no small part to Bosco for his invaluable help with intensive Tamil-English interpreting), there was a sense that these Irulas Tribal Peoples might actually begin to see their own self-worth.  They DO all have PhD.s in their field of speciality : Mountain Ecology and Habitat.  Which plants are medicinals ?  How do you make organic shampoo out of seeds ?  Just how do you harvest high-mountain rock-face honey ?  What are the feeding and breeding habits of local wildlife ? This is certainly a viable economic niche, if you can link up their depth of knowledge with the right public...  

          And how might eco-tourism per se fit in to this tribal picture ?  One other important complaint that had been aired was the deplorable state of their own housing... EW easily witnessed this - a collapsed roof here, wattle-and-daub exterior walls that had been largely washed away by the previous monsoon, a lack of basic sanitation...  In as much as the Irulas themselves scarcely have a dry roof over their heads, there is no real question of organizing a "homestay" program, whereby adventuresome Westerners would pay to come do over-nights in an Irulas village (at least, not until some microcredit program might allow for substantial investments in some kind of upscale "guest cottage", to be run by a Tribal Self-Help Group...) 


Un ancien, à côté de son balais traditionnel - spécialité du Peuple Irulas / Irulas Village Elder - Next to a Traditional Irulas Broom - a Specialty Hand-made Product
 
          However, a housing alternative soon did make itself apparent - which would provide Western-friendly accomodations, along with an influx of capital - 100% of which would be used to the direct advantage of the entire Irulas tribal community.  Kotagiri, described by one resident as a "Little Vatican", has representatives of nearly 3 dozen Christian congregations.  This is part of the history of colonial domination.  Although Christians represent a tiny fraction of India's overall population, they are well represented in South India (Christianized by the 16th-century Basque, St. Francis-Xavier).  They remain extremely active in the field of social work and many congregations bought up land in the Nilgiris region, as the blistering heat of a Tamil spring and summer (temperatures often over 100° F every day) sent European-born settlers up to the mountains, to contemplate the beauty of English-style gardens, replete with hydrangeas, jonquils and tulips.

          On the advice of an EW friend from Nagercoil,  housing throughout the stay in the Irulas area was provided by Fr. Thama, Rector of the Don Bosco Monastery - which was lost in the middle of fields of tea plants, atop a butte just a 10-minute walk from the heart of downtown Kotagiri.  The particularity of the area, other than its incredible natural beauty ?  No one is currently using the facilities - designed to house scores of Salesian monks.  The head Indian branch in Chennai decided some years back to shift its main activities to another area, leaving Butte Don Bosco virtually empty.  This would be an ideal place for "tourist accomodations" - simple clean rooms, single or double, with bath, and 3 home-cooked meals a day.  For only about half the price of the stay in Amboori (see the the previous EW blog article for details).  Anything over and above the break-even point would be recycled directly into Tribal education (literacy and language skills, technical training, youth sports activities, computer initiation, etc).  This was a natural fit as the entire bent of the Salesian Order is ... education.  Thama's own mantra ? Never any proselytizing of any kind.  He merely said he believed in being of service and in letting each individual be free to pursue his or her path.  The only caveat would be that EW would need a formal partnership with the head office of Don Bosco social work in Chennai - Subari NGO - based at the "Citadel".  Just prior to departure, EW was able to establish these links, and a thumbs up there has already been given to all EW's initiatives.


 Cimetière Irulas - Effigies en pierre / An Irulas Tribal Cemetery with Stone Effigies

          Now that eco-tourism "monastery homestays" are technically possible - with 100% of proceeds used for education and tribal economic development (ie. no cuts whatsoever for "marketing fees", etc) - EW is looking at pursuing other initiatives in the area.  A microcredit revolving fund and the creation of a tribal-wide economic-development co-op.  And also the possibility of launching "Summer Service Camps" for teenagers from the Kotagiri area.  The idea here is that disadvantaged youth coming out to Mount Don Bosco for different activities also have much to give.  So instead of only being on the receiving end, they might also be provided with holidays in the Tribal areas, there to learn directly about the forest ecology, in exchange for a few hours helping to rebuild some of the damaged tribal huts.  Something like Eagle Scouts for Tribal Betterment.  EW can obviously help provide some building materials and food and transportation for teen campers to make this all possible.

          So after a large investment into the question of how to design a successful eco-tourism package, EW is still fine-tuning and exploring.  We hope to attract marketing interns to help federate initiatives not only in the Nilgiris Hills, but also a larger push to link up possible stays throughout the EW network in South India - in SCAD's Chermahandevi Guest House, in Tirunelveli Town, with GRACE and possible Guest Cottages or homestays in Kanyakumari, and perhaps in Nagercoil Town just 20 kms. to the north, or with Kabani NGO in its new Gudallur Program in the Nilgiris region as well. Ambitious, time consuming, surely many obstacles ahead to overcome, but a prospect ripe with possibilities.  A truly win-win situation, where western tourist dollars will finally be put to the best use possible - to ensure a breath-taking holiday and help preserve, enrich and uplift the real downtrodden in South India.



Maison tribale endommagée par la dernière mousson / Tribal house damaged after the Last Monsoon 





lundi 1 juin 2015

ECO-TOURISM IN SOUTH INDIA / ECO-TOURISME DANS L'INDE DU SUD - AMBOORI, KERALA


ANGLOPHONES, PLEASE SCROLL DOWN !


(ARTICLE 2/3)

ECO-TOURISME DANS L'INDE DU SUD



Amboori (Kerala) - Rue Principale / Main Street
         

          Après une période de recherche sur le tourisme comme instrument de développement économique en Inde du Sud - au printemps 2015 - EW a repris contact avec Kabani, une ONG indienne basée à Calicut au Kerala.  Ce groupe a été fondé en 2004, un an après notre propre création, partant du constat que le tourisme traditionnel ne profite pas en fait aux pauvres et entraîne une série de graves conséquences négatives : travail des enfants, exploitation sexuelle, augmentation de la pollution, chômage chronique, par exemple. Toutefois, sans condamner d’emblée le modèle existant, Kabani voulait «proposer plutôt que s’opposer», selon les propos mêmes de l’un de ses fondateurs, Sumesh – que EW avait rencontré en 2013, au Forum Social Mondial de Tunis, dans un atelier consacré au tourisme.

          L’idée de Kabani est d’essayer d’offrir à des Indiens «ordinaires» la possibilité de bénéficier de l’afflux des dollars des touristes en proposant des séjours chez l’habitant ("homestays") ou dans des gîtes ("guest cottages") gérés collectivement par des groupes femmes locaux, par exemple.  Kabani compte déjà 6 villages d’accueil, situés pour la plupart dans l’un des états les plus touristiques de l’Inde : le Kerala.  Les programmes existants fonctionnent bien – ne serait-ce que l’an dernier, 240 étrangers ont séjourné chez l’habitant à Thirkkaipetta, village au cœur des « Back-waters », près d’Allepey.



Réservoir d'Amboori, pendant une averse - Amboori Reservoir Under the Rain -
Neyyar Dam Reservoir
         

          Une question qui se pose est celle de « l’attractivité ».  Créer des projets touristiques économiquement profitables est sans doute possible dans des régions à haute valeur ajoutée, grâce, en grande partie, à un marketing international sur le web par des groupes bien établis.  (Le Kerala, par exemple, était l’Etat indien le mieux représenté à la dernière Foire Internationale du Tourisme – la Tourismus Börse de Berlin).  Compte tenu de la célébrité des Back-waters du Kerala, par exemple, ou celle des villes aux temples renommés (Madurai ou Palani au Tamil Nadu), ou celle encore des stations de petite montagne du Sud de l’Inde ("Hill stations") qui offrent un panorama exceptionnel avec des plantations de thé à perte de vue, il est relativement facile d’encourager les Occidentaux à s’y rendre pour profiter à plein d’une expérience « authentique » dans une « vraie » famille indienne.  L’envers de la médaille c’est que les pauvres qui peinent à survivre dans des régions moins « attractives » ne peuvent pas profiter des retombées d’un tel tourisme.  Prenons l’exemple de la « Ceinture sèche de Tuticorin » au Tamil Nadu où EW travaille depuis des années… Les villageois auraient certes bien besoin de cette manne touristique mais il est quasiment inimaginable que qui que ce soit puisse désirer visiter cette région abandonnée des dieux, même pour une expérience « authentique » ! 

          Liées à son programme de séjour chez l’habitant, des visites sont proposées par Kabani dans différentes régions du Kerala – coût moyen de 850 à 900 € par personne pour une « expérience » de 17 jours.  Kabani assure la formation nécessaire pour que le programme se déroule sans problème, de même que la transparence des comptes.  (Les villageois participants reçoivent 60% de la totalité des paiements.  Le reste des revenus touristiques couvre le marketing, les transports, la nourriture et un investissement obligatoire dans le fonds de développement de l’ONG).  La formation représente une importante somme à prévoir pour l’ONG de Calicut.  Les futurs participants doivent en effet avoir une bonne connaissance de l’anglais pour communiquer avec leurs visiteurs occidentaux  et être initiés à l’interculturalité – les notions de propreté, d’hygiène ne sont pas le mêmes…le papier toilette doit être disponible, par exemple…  De plus, Kabani essaie  d’impliquer des villages entiers et non seulement les familles qui peuvent louer une chambre pour plusieurs nuits par mois. Quelqu’un pourra assurer des repas le midi pour un groupe de visiteurs, quelqu’un d’autre se chargera du transport en auto-rickshaw ou servira de guide, par exemple.


Equipe des 2 ONGs Eco-Tourisme / Some Staff Members from the 2 Eco-Tourism NGOs
         

          EW a été invitée, ainsi que des responsables britanniques d’une start-up d’éco-tourisme de Londres, à visiter un village sur le point d’intégrer le réseau Kabani : Amboori, au bord du barrage de Neyyar, à quelque 30 kms à l’est de la capitale du Kerala, Trivandrum.  Une comparaison de prix, tout d’abord.  La veille du départ pour Amboori, Kabani nous avait réservé, dans un hôtel de Trivandrum, une chambre double très confortable et spacieuse pour 900 roupies la nuit (environ 13 €) – beaucoup plus que EW paie habituellement pour se loger.  L’on pouvait avoir un repas simple – lentilles et galette de blé – pour moins d’un euro par personne.  Après un trajet d’une heure et demie par bus dans les montagnes des Ghats du Sud, nous arrivons à Amboori, petit village sans caractère spécial – rien qui pourrait attirer l’œil à part, peut-être, le lac de barrage de Neyyar où un homme chétif et de très petite taille, portant une casquette de baseball et le « dhoti » traditionnel, propose des promenades en bateau.

          Le repas servi à midi était délicieux et copieux (mais 4 fois plus cher que celui de la veille). Impossible toutefois de communiquer avec la cuisinière et son mari dont l’anglais était à peu près inexistant. Une formation de plusieurs mois changerait-elle la situation La maison d’accueil de EW était à environ 1km5 d’un « centre ville » quelconque et poussiéreux.    (Selon le recensement de 2011, Amboori compte 9,249 habitants).  Maison de plain-pied en parpaing avec un living modeste, deux chambres, une cuisine et une salle de bains, à côté d’une plantation d’hévéas.  Draps propres mais pas de rideaux aux fenêtres, pas de papier toilette et une invasion de fourmis… cela pour 21 € la nuit en Inde !!! La question du juste prix se pose avec acuité.  Comment concilier justice sociale et compétitivité ?  (Le prix total pour EW  était, pour une nuitée – tout inclus – 1860 roupies, soit 26 € 50.  Le séjour de loin le plus cher de toute la récente mission de 3 mois de EW – à peu près le double du prix de la chambre à Trivandrum !)



Participante du Programme - femme de fermier / Participant in the Homestay Program - a Farmer's Wife

          

          Quant à une interaction « authentique » ? Les hôtes – très aimables, très agréables – ne parlaient pas assez d’anglais pour qu’un échange soit possible et, à l’heure du dîner, ils sont tout simplement partis, laissant sur la table un modeste repas.  Et comme, à l’équateur, la nuit tombe à 6 heures, il vaut mieux avoir son "kindle" ou son sudoku ou ses notes à réviser, en attendant l’aurore, 12 heures plus tard…  Expérience très décevante mais la période de formation des hôtes n’était pas terminée et ils avaient certainement beaucoup de questions au sujet d’éventuels visiteurs…  Images d’Occidentaux pas très sobres, à peine vêtus, fumant dans leur propre maison cigarette sur cigarette devant des bouteilles de bière Kingfisher…


          En ce qui concerne les hôtes, six familles sont impliquées dans le village d’Amboori, toutes rencontrées par EW.  Dans l’une d’elles, la maîtresse de maison est directrice d’une école secondaire locale – position plutôt enviable, selon les critères indiens.  La cuisinière de notre repas et son mari disposent d’une maison neuve et spacieuse et comptent probablement sur une rentrée d’argent provenant du programme des "homestays" pour terminer leurs travaux d’aménagement intérieur.  Une autre hôtesse bénéficie déjà de fonds étrangers par son mari qui travaille dans le Golfe Persique et a, elle-même, trois emplois : son propre salon d’esthétique, sa boutique de couture et donc également sa participation au programme… cela pour une famille avec un fils unique.  Nous sommes loin de la définition sociologique des « laissés-pour-compte ».  Seul un couple avec deux jeunes enfants semble répondre à cette catégorie et le programme peut leur permettre de survivre : l’homme d’une quarantaine d’années est atteint d’un cancer et donc au chômage, la femme s’occupe du foyer (elle nous avait d’ailleurs préparé de délicieuses spécialités…)
 

Salon dans un "Homestay" / Homestay Livingroom - Amboori
         

          Kabani est certainement sur la bonne voie et il se peut que le projet Amboori ne demande qu’un réajustement.  L'ONG ne propose, en principe, qu'une quinzaine de nuitées maximum par mois (la moyenne est plutôt de 6). L’argent reçu ne doit être, en effet, qu’un supplément de revenu.  Il faut aussi préserver un certain équilibre et que les villages concernés ne soient pas "pollués" par une arrivée massive de touristes.  (Pour le moment, les visiteurs sont en très grande majorité blancs ; les Indiens de classe moyenne ne semblent pas encore très intéressés par cette idée d’éco-tourisme).

          Kabani n’a que 4 employés (dont 2 salariés) et reçoit une aide très précieuse de stagiaires occidentaux (d’une école de commerce de Lille) pour faire fonctionner ses bureaux de Calicut.  Kabani n’est qu’un des nombreux acteurs du « Tourisme Responsable », dont le but est de puiser dans l’énorme marché mondial des services touristiques – plus d’un milliard de touristes dans le monde l’année dernière.  Que les citoyens du monde se posent des questions lorsqu’ils entreprennent un voyage est essentiel : En quoi mon comportement impacte-t-il la planète et la population locale ?  Si le tourisme peut être véritablement un facteur d’appauvrissement et s’il engendre des problèmes socio-environnementaux, en quoi ma présence à l’étranger peut-elle aider à diminuer ces effets négatifs ?  Quel est mon niveau minimum de confort et est-il compatible avec les réalités des pays en voie de développement que j’ai l’intention de visiter ?  Kabani  n’a peut-être pas toutes les réponses mais l’association a le mérite d’avoir commencé à poser les bonnes questions.  Vers la fin de sa mission 2015, EW s’est efforcée de voir comment on pouvait aller plus loin dans ce domaine.  A bientôt.


"Karuvayil" - Plantation de caoutchouc / Karuvayil Rubber Plantation - outside Amboori

(Voir plus loin pour d'autres photos)...



ENGLISH-LANGUAGE VERSION :

ECO-TOURISM IN SOUTH INDIA 

          After a research stint in South India during the spring of 2015, looking into the question of tourism as a possible motor for economic empowerment, EW linked up with the representatives of Kabani NGO, based in Calicut, Kerala.  The group was founded just a year after EW itself, and on the premise that traditional tourism did not, in fact, benefit the poor, and had a number of serious adverse effects - including child labor, sexual exploitation, increased pollution, and chronic under-employment, for example.  Rather than merely condemn, however, Kabani wanted to "propose, rather than oppose", in the words of one of its co-founders, Sumesh - with whom EW has been in contact since its participation in 2013 in one of the World Social Forum round-tables in Tunis devoted to the topic.

          So Kabani's idea has been to try and offer "ordinary" Indians a better deal from the influx of tourist dollars, in the form of "homestays" or "guest cottages" managed collectively by a local woman's Self-Help Group, for example.  Kabani now has 6 different "homestay villages", mostly based in the far northern reaches of one of India's prime tourist regions : Kerala (Wayanad District).  Existing programs are running well - for example some 240 foreigners participated in a homestay in Thirkkaipetta alone last year, a village in the heart of the "back-waters country", around Allepey.




Amboori - Centre Ville / Downtown

          This partly raises the question of "attractivity".  It might be possible to create successful eco-tourism projects in areas with an existing high value-added factor due, to a large extent, to international internet marketing by mainstream groups.  (Kerala State, for example, had the largest stand of any Indian representative at the most recent World Tourism Fair - the Berlin Tourismus Börse).  Given the existing fame of the Kerala back-waters or the big "Temple Cities" (Madurai or Palani in Tamil Nadu), or of the South Indian "Hill Stations" - reknown for their breath-takingly beautiful "Tea Estates" - it is a relatively "easy sell" to encourage Westerners to go there, to enjoy a truly "authentic" experience, staying with a "real" Indian family.  The flip side, however, is that the poor who are eking out a living in less "desirable" areas will not be able to partake in such tourism spill-overs.  EW's work in the Tuticorin Dry Belt, for example ?  Villagers certainly would need the benefits of such a program, but it is almost beyond belief that anyone would actually pay to go visit such a God-forsaken area, however "authentic" the experience might be...

          Kabani can help foreigners not only with one homestay program, but can also link up several such visits in different areas of Kerala - for an average cost of something like 850-900 € per person for a 17-day "experience".  Kabani also guarantees all the necessary training to ensure that the programs come together without a hitch, and to ensure transparency in the accounts as to who receives what.  (Participating village-folk receive 60% of total payments.  Other tourist income is spent on international marketing, transportation, food, and an obligatory investment in the Kabani-NGO development fund).  Training is an important up-front cost lay-out for the Calicut NGO, as future participants need English-language training to help facilitate exchanges between guest and host, as well as specific aid in negotiating the inter-cultural aspects of welcoming Westerners - things like a different vision of "cleanliness", and the importance of having toilet paper available...  Moreover, Kabani has tried to involve whole villages, not merely those inhabitants who might actually have a spare room to rent out several nights per month.  So another local woman might be responsible for providing noon lunches to an entire group of visiting Westerners, while yet another person might provide auto-rickshaw transportation or guide services, for example.


Participante Locale du Programme / Woman Participating in a Homestay Program - Amboori

          EW was invited, along with the British representatives of an eco-tourism start-up in London, to visit the next village slated to integrate Kabani's network : Amboori.  It is on the edge of the Neyyar dam, some 30 kms. to the east of Kerala's capital, Trivandrum.  First, a cost comparison.  The night preceeding departure, a very nice double room in the State capital was going for some 900 roupies a night (about 13 €) - certainly much more than EW normally pays for its typical flop-house lodgings.  And it was possible to get a light dinner of lentils and a wheat-pancake for less than a euro per head.  After an hour-and-a-half bus ride up into the Southern Ghat mountains (and one missed bus), everyone arrived in Amboori.  A very non-descript village if there was one, with nothing particularly "post-card pretty" in sight - other, perhaps than the boat ride around the Neyyar Reservoir, where a very diminutive local in a baseball hat and a dhoti (loin cloth) was paid to paddle tourists around. 

          The lunch upon arrival was delicious and copious (at 400% the price of the previous evening's "dahl fry"), but it was impossible to "interact" with the cook or her husband - for want of adequate language skills.  Perhaps a few more months of training might have made the difference?  The EW homestay was organized some 1.5 kms. outside dusty "downtown" Amboori (total population according to the 2011 census : 9 249 inhabitants).  A cinder-block house, with a modest livingroom, 2 bedrooms, kitchen and bath, next to a rubber plantation. Clean sheets, yes, but no curtains on the windows, no toilet paper, an ant infestation... 21 € a night, in India, for this ?  So the question of the "right price" was certainly looming in the background. Between social justice on one hand, and pricing yourself altogether out of the market, on the other, where is the viable fulcrum point ? (Total cost for EW for one night was 1860 roupies, all expenses, or 26.5 €.  This was, by far, the most expensive stay of any during the recent 3-month EW mission - even nearly twice the cost of the room in downtown Trivandrum).


Collecte de caoutchouc / Collecting Raw Rubber

          And what kind of "authentic" interaction might this represent ?  The homestay hosts - all very nice and friendly - were not able to speak enough English to make any real exchange possible and, at dinner time, they simply left, leaving a modest meal behind on the livingroom table.  As night falls at roughly 6 p.m. every day of the year at the equator, this is the time when you bless your kindle or your Sudoku or back notes to work on, to tide you over until dawn, 12 hours hence...  This was an utterly under-whelming experience but, again, the training period for new recruits was not yet over and they, too, certainly had many questions concerning possibile visitors...  Visions of sodden, scantily-clad Westerners, smoking up a storm over yet another bottle of Kingfisher beer in their homes...

          And just who were these homestay hosts ?  Only 5-6 families in the entire village - whom EW was able to meet.  One was the headmistress of the local public secondary school - definitely not a "hardship case" by Indian standards.  The lunch cook and her husband had a new and spacious middle-class house, but had evidently run out of money before they'd finished the interior work, so homestay income would presumably be used for furniture and plastering...  Another participant had a real influx of foreign cash already, as her husband had emigrated to one of the Persian Gulf States where he had a nice salary, augmented by his wife's triple-dipping.  She worked as both a beauty technician and ran her own main-street tailoring shop - in addition to homestay income - to care for the couple's one boy.  By Indian standards, this is far from a sociological definition of the "downtrodden".  Only one couple seemed to be absolutely reliant on possible homestay income to keep afloat : a man in his early 40's who had been stricken by cancer (and subsequent unemployment), along with his wife (who'd gone to great trouble to present savory homemade specialties) and their 2 youngish children.



Circuit en bateau pour les touristes / Boat Ride for Tourists - Neyyar Dam Reservoir
          Kabani is certainly on the right track, and perhaps the Amboori program just needs a little more "tweaking".  No host family is slated to receive more than 15 homestay visits in a given month (the average is more like 6), as the resultant income is supposed to remain "supplementary" to some other principal means of livelihood.  This is to preserve a certain balance, so that the participating villages don't just become tourist "Potemkin Villages", absolutely "polluted" by the arrival of mass tourism.  (For the time being, visitors are overwhelmingly White, as the Indian middle-class does not yet seem smitten by the idea of eco-tourism or its basic tenets).

          Kabani has a mere 4 employees (only 2 of whom receive an actual salary), and relies heavily on interns from the West (a business school in Lille, France) to keep its Calicut office up and running.  It is just one of the numerous actors in the "Thoughtful Travel Movement" - hoping to tap into the incredible world market for tourist services - there were more than 1 billion tourists in the world last year.  It is surely vital and highly commendable to ask world citizens to actually think about what they are intending to undertake : How might my behavior actually impact the planet and the local population ?  If tourism can actually generate poverty and socio-environmental problems, how might my presence abroad be best used to mitigate such deleterious effects, and even help to solve them ?  What is my "minimum level of comfort" and is this compatible with the realities in the Third World country I am intending to visit?  While Kabani might not have found all the answers, it is nonetheless commendable to have started asking many of the right questions.  The rest of the EW mission 2015 was spent looking into how things might be done even better yet.  More soon.


Machine pour fabriquer des carrés de Caoutchouc / Machine to Make Rubber Mats - Amboori