mercredi 19 mars 2014

RAIN-WATER HARVESTING IN INDIA / RECUPERATION D'EAU PLUVIALE EN INDE ("Ooranie Project")

ANGLOPHONES, PLEASE SCROLL DOWN !


RECUPERATION D'EAU PLUVIALE - 

LE "PROJET OORANIE"

          Depuis de nombreuses années, EW travaille dans la "Ceinture Sèche" de Tuticorin - zone particulièrement aride du sud-est du Tamil Nadu (Inde), de l'autre côté du Détroit de Palk qui la sépare du Sri Lanka.  Jusqu'à maintenant, nous nous étions surtout intéressés à des systèmes plus modestes de récupération d'eau de pluie - 10,000 litres d'eau potable - adossés la plupart du temps à l'école primaire du village.  Compte tenu du manque chronique d'eau dans cette région et de la nécessité impérieuse de stocker les ressources en eau de la mousson, il nous a semblé important d'essayer d'être encore plus efficaces et d'intervenir à une plus grande échelle. D'où une nouvelle démarche : la restauration des "ooranies", c'est-à-dire des bassins de rétention d'eau de pluie.

          En fait, pendant des siècles, les ooranies ont été utilisés en Inde du sud.  Toutefois, avec la colonisation et les interventions préconisées par les "experts" occidentaux de la Banque Mondiale et du FMI pendant la "Révolution Verte", ces méthodes anciennes ont été remplacées par un système de puits en grande profondeur (plusieurs centaines de mètres).  Après avoir exploité de manière intensive les nappes phréatiques pendant plusieurs générations, toute l'eau disponible a été épuisée et le vide ainsi créé a aspiré l'eau de mer environnante. C'est ce que l'on appelle "l'intrusion saline".  Aujourd'hui, dans la région de Tuticorin, les nappes phréatiques sont plus salées que la mer elle-même.  L'eau que l'on pourrait en tirer est impropre à la consommation humaine, et même à l'irrigation.  Seule ressource possible pour les villages alors ?  L'eau de la mousson - qui est dirigée vers les ooranies par un système de fossés.


Un bassin d'eau pluviale restauré ("ooranie") / An ooranie - or fresh-water water pond - that has been restored
       
             Dès 2011, EW a entamé des discussions avec notre partenaire local (le SCAD, ou "Changement et Développement Social" basé à Tirunelveli toute proche), afin d'approfondir le projet.  Le SCAD s'est engagé à fournir les ressources humaines et le savoir-faire technique (notamment les experts en pisciculture du centre "KVK").  De son côté, EW se chargeait de rechercher tout le financement.  Ce fut un processus long et compliqué.  D'une part, il fallait trouver plus de 50% du montant sur ressources propres et, d'autre part, il fallait monter de solides dossiers de demandes de subventions auprès du Parlement Européen-ETM et du Conseil Régional Poitou-Charentes - jumelé avec le Tamil Nadu.

          Très rapidement, EW a envoyé ses propres fonds afin de financer la formation des Comités Locaux de Gestion de l'Eau et de lancer un projet pilote, fin 2012 - ceci afin d'assurer la viabilité de toute l'opération, menée sur 10 villages, représentant plus de 10,000 habitants.  Outre la formation de ces Comités, il a semblé essentiel d'inclure un volet de pisciculture : les alevins introduits dans les ooranies allaient non seulement apporter un supplément de protéines aux villageois mais aussi permettraient aux groupes de microcrédit d'obtenir des revenus supplémentaires familiaux.  De plus, la vente des poissons fournirait au Comité de l'Eau les fonds nécessaires pour maintenir en bon état les infrastructures et couvrir les coûts de restockage en alevins dans l'avenir.

Les villageois replantent des arbres autour de l'ooranie / A village woman planting saplings around a recently restored ooranie...



          Les villages-cibles sont extrêmement pauvres.  Les villageois sont soit de petits paysans dont l'exploitation leur permet à peine de subvenir à leurs propres besoins, soit des "coolies" - c'est-à-dire des journaliers agricoles dont le salaire les place en situation de "grande pauvreté" selon les Nations Unies.  Avoir accès à l'eau potable est vital et fait partie des Droits de l'Homme, selon cette même organisation...  Et malgré cela, le gouvernement tamoul n'a pas pu assurer une distribution de l'eau.  Les huttes ou les maisons des villageois n'ont pas l'eau courante.  Les points d'eau collectifs ne fonctionnent pas, les canalisations sont soit inexistantes ou cassées, et les camions d'approvisionnement en eau n'assurent pas leurs tournées. Résultat ?  Des problèmes de santé publique liés à la pollution de l'eau, et aussi un exode rural massif.  Ceux qui n'ont pas accès à l'eau sont forcés d'émigrer pour aller engorger les bidonvilles des grandes métropoles, telles que Chennai ou Mumbai en particulier.




Approvisionnement en eau / Fetching drinking water at the end of the day
        
            Début 2013, les fonds de Bruxelles et du Conseil Régional sont finalement arrivés - et le SCAD a pu s'attaquer aux importants travaux sur le terrain.  Ses équipes étaient aussi rapides qu'efficaces - si bien que tous les ouvrages d'art ont été terminés dans les plus brefs délais - ce qui a permis de bénéficier de l'eau de la mousson de l'année en cours. Les bulldozers ont nettoyé les fossés d'approvisionnement et les lits des anciens ooranies.  Les infrastructures ont été remises en état (mini-barrages et rives des ooranies - que l'on connaît sous le nom de "bunds").  Tous les Comités Locaux ont reçu une formation appropriée dans la gestion sociale de l'eau, mais aussi dans la pisciculture et les problèmes environnementaux.  Des équipes de villageois ont planté de jeunes arbres tout autour des rives (variétés médicinales et fruitières), pour éviter l'érosion pendant la saison mouillée (80% des ressources pluviales tombent en seulement quelques mois).  Une fois les travaux terminés, la nature a fait son oeuvre - remplissant les 10 ooranies, chacun recevant entre 1,000 et 4,000 alevins selon la taille de l'étang.  Cela représente entre 1,000 et 4,000 kilos de poisson à vendre au profit du village dans l'espace de seulement 6 mois.



Compte rendu d'une réunion d'un Comité d'Eau d'un des villages /  Minutes from one of the local Water Committees in the Tuticorin Dry Belt 


          Après plus de deux ans d'efforts, ce projet EW-SCAD a abouti - ce qui remplit tous les acteurs concernés par cette coopération d'un sentiment de grande fierté.  Tous les ooranies ont été officiellement inaugurés en janvier 2014.  Les villageois attendront Pâques pour la nouvelle "récolte" de poissons de leur ooranie - qui, de nouveau, embellit le paysage local et permet à des milliers de pauvres de reprendre leur destin en main.


       
Une vieille femme qui vient chercher de l'eau / Old woman with her water-carrier


Voir plus loin pour d'autres images...



VIDEO - charrette devant l'un des ooranies  /
bullock cart in front of a newly restored ooranie


ENGLISH-LANGUAGE VERSION :


RAIN-WATER HARVESTING - 

The "OORANIE PROJECT" 


          EW has been active for many years in the "Tuticorin Dry Belt" - a particularly arid region of south-eastern Tamil Nadu (India), just across the Palk Straits from Sri Lanka. Up until now, we have principally focused on smaller rain-water harvesting systems (10,000 liters of drinking water) that have often been built next to a village primary school.  Given the acute water scarcity in the region - and the vital necessity of stockage of all available monsoon fresh-water resources - it was deemed important to try and be more effective, and on an even larger scale.  Hence the shift to ooranie restoration.

           In fact, an ooranie - or fresh-water collection pond - had been in use in south India for centuries.  However - due to colonization and then the reliance on Western "experts" from the World Bank and the IMF during the "Green Revolution" - such old methods were abandoned in favor of deep bore-wells.  After 2 or 3 generations of intensive exploitation of the aquifer - all available ground water has already been pumped up, and the resultant empty space below ground has sucked in surrounding sea water.  This is called "saline intrusion".  Today in the vicinity of Tuticorin, the aquifer is now saltier than the sea itself - unfit for human consumption, even unfit for irrigation.  The one reliable resource left ? The channels to direct monsoon rainfall into the old ooranies - able to stock all possible fresh-water resources for local villages...
 

Avant la restauration, il n'y avait rien... / Before there was nothing...



          As of 2011, EW undertook discussions with its local partner in the area (SCAD - or "Social Change and Development", based in neighboring Tirunelveli) to see how to take the water project one step further.  SCAD agreed to provide the human resources on site and the technical savvy (fish-farming experts linked to the local agronomy institute, "KVK"), while EW undertook to find all the financing.  This was a slow, long process. It meant auto-financing fully half of the project, and soliciting support from both the EU Parliament-ETM and the local Regional Council, which is twinned with Tamil Nadu.

            EW began sending its own funds as rapidly as possible, so as to finance the training of Local Village Water Committees and to get one pilot project off the ground as of late 2012.  This enabled us to ensure the viability of the total project - which covered 10 different villages, with roughly 10,000 villagers.  In addition to training in water management, it was deemed vital to include fish-farming.  The fingerlings in the ooranie would provide not only extra protein to village families, but any extra sales would allow women's microcredit groups to earn supplemental family income, and also generate enough surplus for the local Water Committee to finance necessary infrastructure maintenance and future fish restocking.

Lâchage des alevins / Fingerlings for the new ooranie

           The selected target area is made up exclusively of very poor villages.  Village folk engage in subsistance farming and/or are part of  the "coolie" labor system, renting out their physical strength in exchange for a daily pittance - just enough to keep their families going.  It is of vital importance to have access to basic drinking water - this is considered a fundamental "human right" by the United Nations...  Yet the local State government has largely been unable to provide such regular access.  Huts or houses do not have running water.  The collective outside taps are in disrepair : water mains are broken, pipes all leak, and the trucks that are supposed to bring water every week most often don't make it.  The result ? Health problems linked to water pollution (people drinking out of ditches, for example) and then massive rural exodus.  Those with no more water resources are forced to try and make their way to the large cities - Chennai or Mumbai - to swell the ranks of the urban slums...


La 1ère pêche - poissons d'un kilo / the first fish harvest - 1 kg. per fish



        
          As of early 2013, the matching funds from Brussels and from the local Poitou-Charentes Regional Council finally came through - and it was possible for SCAD to tackle the logistics on a major scale.  The different SCAD teams all worked with diligence and celerity so as to bring everything to fruition at an astonishing pace.  Earth-moving machines were brought in, so as to clear out choked channels and dig up the beds of the old ooranies, clogged with silt.  Infrastructure was reinforced (check-dams and ooranie banks - called "bunds").  All Water Committees were trained - in the social management of water resources, but also in fish-farming and in environmental issues.  Village members all went out in crews and planted many saplings (medicinal and fruit varieties) around the bunds, for example, to avoid soil erosion during the heavy monsoon season.  (80% of annual precipitation falls in just a few months).  Once the work had been completed, it was just a question of letting nature do its work - filling up the 10 village ooranies - which were then all stocked with fingerlings.  (The exact number depended on the size of every village ooranie, but the figure ranged from one to four thousand fingerlings per pond - corresponding to 1-4,000 kilos of fish within just about six months).

Jeune homme puisant de l'eau - système de filtrage sable-charbon / Fetching water in the ooranie well - filtered with a coal-sand system 

        
        
          After more than 2 years of hard work, this joint EW-SCAD project has been brought to fruition - which instills in all concerned an immense sense of achievement and cooperation.  All ooranies were officially inaugurated by late January, 2014.  Now village folk will be waiting until about Easter to bring in their respective fish harvests, turning these water reservoirs/fish-ponds into self-sustaining features of the village landscape - enabling thousands of destitute and water-deprived communities to take their destinies into their own hands.


Buffles qui viennent boire / buffaloes coming to drink


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