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ARTICLE 1/3
IMPACTS NEGATIFS DU TOURISME DE MASSE
Port de Kanyakumari - file de touristes attendant le bateau pour aller visiter le Monument Vivekananda / Kanyakumari Port - tourists lined up to take the ferry to the Vivekananda Monument. |
Selon le World Travel and Tourism Council, le tourisme est un Goliath économique. Il représentait 9,8% du PIB mondial en 2012 et a permis de créer 277 millions d'emplois dans le monde. Cela équivaut à 2.000 milliards de dollars, soit deux fois le poids de l'industrie automobile mondiale... En Inde - 38ème pays du monde en termes d'arrivées touristiques - le secteur totalisait 7,7% de tous les emplois. De plus, on s'attend à un accroissement considérable dans la décennie à venir : jusqu'à 8% par an. Il se peut que ces chiffres soient encore plus élevés car le "tourisme médical", à lui seul, pourrait atteindre 30% de croissance par an.
Il est indéniable que le tourisme est un géant économique, mais il reste des questions fondamentales. Est-ce un vrai modèle de développement tout court ? Une activité véritablement durable ? S'il est vrai que les dollars des touristes inondent le pays, est-ce qu'ils tombent dans les seules poches des plus riches, ou est-ce que tous les citoyens en bénéficient ?
"Light House Beach" - Kovalam, Kerala |
EW se penche sur la question depuis des années. (Voir nos archives : Eco-Tourisme en Inde - 2 juin 2011 / Un Tourisme "Conscient" au Vietnam - 5 mai 2012, par exemple). Cet article est le premier d'une série de trois, qui devrait nous permettre d'examiner le sujet en profondeur. Quels sont les désavantages éventuels de l'industrie touristique ? (Environnement ? Exploitation sexuelle et réseaux pédophiles ? Travail illicite des enfants ? etc...) Comment améliorer la situation d'une manière générale ? Quelles sont les initiatives entreprises par des acteurs du tourisme solidaire en ce moment, et comment EW pourrait-elle s'insérer dans ce tableau afin de mieux fédérer les acteurs locaux qui veulent faire autrement, pour qu'enfin ceux en bas de l'échelle socio-économique puissent tirer parti des retombées du tourisme mondialisé ?
Une étude de 2012, réalisée par le World Tourism Council, indique que, depuis la fin du 20ème siècle, le tourisme a été un moteur de croissance économique et ceci en raison de nombreux facteurs : démocratisation rapide des voyages par avion, revenus réels plus importants, marketing efficace, pléthore de nouveaux services touristiques, et utilisation des outils informatiques... Le tourisme est donc vu comme une "alternative séduisante pour stimuler le développement dans des pays et des régions pauvres qui auparavant dépendaient très lourdement de l'agriculture et de l'extraction des ressources naturelles (...), présentant le double avantage de générer des emplois et des revenus, tout en promouvant les traditions et le patrimoine culturel". Selon le rapport WTC, le secteur a d'autres effets positifs encore, tels que l'amélioration des infrastructures, et l'augmentation du commerce et des investissements étrangers. De plus, le tourisme mènerait à un renforcement des capacités professionnelles de la force ouvrière et permettrait des échanges personnels enrichissants qui tendent à faire disparaitre les barrières culturelles et langagières... (Source: Akinbaode et Braimoh - 2009).
Une étude de 2012, réalisée par le World Tourism Council, indique que, depuis la fin du 20ème siècle, le tourisme a été un moteur de croissance économique et ceci en raison de nombreux facteurs : démocratisation rapide des voyages par avion, revenus réels plus importants, marketing efficace, pléthore de nouveaux services touristiques, et utilisation des outils informatiques... Le tourisme est donc vu comme une "alternative séduisante pour stimuler le développement dans des pays et des régions pauvres qui auparavant dépendaient très lourdement de l'agriculture et de l'extraction des ressources naturelles (...), présentant le double avantage de générer des emplois et des revenus, tout en promouvant les traditions et le patrimoine culturel". Selon le rapport WTC, le secteur a d'autres effets positifs encore, tels que l'amélioration des infrastructures, et l'augmentation du commerce et des investissements étrangers. De plus, le tourisme mènerait à un renforcement des capacités professionnelles de la force ouvrière et permettrait des échanges personnels enrichissants qui tendent à faire disparaitre les barrières culturelles et langagières... (Source: Akinbaode et Braimoh - 2009).
Une première question s'impose : est-ce que tout déplacement touristique est maintenant totalement répréhensible, compte tenu de la réalité du réchauffement climatique ? Bien qu'il soit possible d'aller de Paris à Chennai, au Tamil Nadu, pour quelques centaines d'euros, le coût carbone est exorbitant. Selon un calculateur-carbone en ligne, l'aller-retour en question représente environ 3 tonnes de CO2, c'est-à-dire la moitié de l'empreinte carbone annuelle du "Français moyen" (6,1 tonnes au total). Et, de plus, quand ils sont au Tiers-Monde, les touristes exigent de recharger leurs joujoux électroniques, demandent des chambres climatisées énergivores, et pensent assez peu aux problèmes environnementaux liés à leur présence - que ce soit la consommation d'eau, la gestion des déchets, ou l'accaparement des terres... Après que le tsunami dévastateur a frappé les côtes du Tamil Nadu en décembre 2004, par exemple, toute la population vivant de la pêche a été relogée à plusieurs kilomètres à l'intérieur, sous prétexte de "sécurité". Mais de grands hôtels obtenaient des permis de construire le long de la côte, entraînant une forte flambée des prix de l'immobilier - au détriment des plus démunis. Les pêcheurs de Kanyakumari, par exemple, ont été chassés des zones côtières, obligés de faire des kilomètres de navette tous les jours à partir de "Ransomtown Resettlement Area" pour atteindre leurs bateaux.
D'autre part, quand l'eau vient à manquer, les pompes dans chaque quartier, à destination de la population locale sans eau courante à la maison, sont tout simplement fermées, afin d'assurer l'alimentation en eau des hôtels étoilés. Etant donné que pratiquement toute les ressources en eau de l'Inde sont de piètre qualité, l'industrie de l'eau minérale est florissante. (Le secteur a été monopolisé par Coca Cola et Pepsi, d'ailleurs, qui vendent sous les marques de Kinley et d'Aquafina...) Si 20 à 30 roupies par bouteille n'est rien pour un touriste, c'est hors de portée pour un Indien pauvre. Les touristes engendrent ainsi beaucoup de déchets plastiques - dont seulement une petite partie est recyclée. Le reste se retrouve vite dans la nature... Tous les grands hôtels et les Guest Houses font certes faire le nettoyage tous les jours dans les chambres. Mais tout ce qui est ramassé est simplement jeté dans l'une des millions de décharges à ciel ouvert qui défigurent le paysage. (Pour le touriste éco-conscient, investir dans une bouteille d'eau à filtre haut de gamme intégré avant de partir). La "gestion des déchets" demeure malheureusement un rêve encore lointain. La seule chose que l'on puisse faire est de limiter les déchets à la source. (N'utiliser que des sacs en jute, par exemple).
Touriste occidentale dans une station balnéaire du Kerala / Western Tourist in a beach resort in Kerala |
Tandis que le World Travel and Tourism Council vante les vertus des rencontres "personnelles" avec la population locale, ceci reste plus que problématique concernant les femmes de chambre ou les hommes à tout faire, étant donné leur méconnaissance quasi-totale de l'anglais. S'ils pouvaient donner un avis franc en malayalam ou en tamoul, que diraient-ils, en fait, de "l'attractivité" des touristes occidentaux ? Quels sont leurs vrais sentiments envers les touristes qui dépensent pour un seul repas de poisson grillé en bord de mer l'équivalent d'une semaine de leur salaire ? Et dont 8 jours dans un centre ayurvédique huppé - à raison de quelques heures par jour de massage à l'huile chaude - correspond à 4 mois de leurs revenus ? Les pauvres n'ont qu'à sourire, supporter et prier pour un pourboire (et une représentation syndicale) ? Malgré la très célèbre citation de Kipling, peut-être que l'un des endroits où l'est et l'ouest se rencontrent, c'est sur les menus des stations balnéaires du Kerala. C'est là, en effet, que le curry au lait de coco à la manière Malabar côtoie le whisky écossais, la salade russe, les pâtes italiennes, la pâtisserie allemande, la salade niçoise et des hamburgers et sodas à l'américaine - le tout à des prix exorbitants. Voici pour la soif de culture indienne... Ce manque de respect des moeurs locales est visible dans d'autres domaines - tels que l'alcool ou la tenue vestimentaire. L'on a souvent l'impression que les touristes de masse croient que ce qui est convenable sur la Riviera l'est aussi dans l'Inde du Sud - où toute consommation d'alcool est réprouvée et où les femmes, lorsqu'elles se "baignent", pataugent au bord de l'eau, tout habillées dans leurs saris. Quelle expérience d'aveuglement sociologique que le spectacle des jeunes femmes se pavanant dans leurs bikinis, comme si elles possédaient la plage, tandis que leurs parents obèses se dirigent directement vers un bon restaurant de bord de mer, ne portant que leur maillot de bain mouillé...
Bien qu'il soit évident que les propriétaires de grandes chaînes d'hôtels ou de centres ayurvédiques ont un fort retour sur investissement et que les pauvres sur place ne bénéficient guère de la manne touristique - l'on aurait pu penser que le petit entrepreneur "touristo-dépendant" tirerait un revenu solide de son activité professionnelle. Après des recherches approfondies, EW est arrivée à la conclusion que c'est loin d'être le cas.
La saison touristique est bien courte : les plages du Sud de l'Inde n'attirent les riches occidentaux que lorsque ceux-ci fuient le froid de chez eux et avant le début de la mousson de l'ouest. La saison dans les montagnes des Ghats l'est également : les touristes (indiens y compris) s'y précipitent surtout lorsque la chaleur en plaine devient insupportable. Il en résulte que les petits commerçants et les hôteliers n'ont que quelques mois de revenus assurés dans l'année - et doivent avoir recours à un 2ème, voire un 3ème emploi pour tenter - en vain - de joindre les deux bouts. En fait, aucune banque ne prête des fonds "de jonction" entre les saisons, si bien qu'il faut se remettre dans les griffes des usuriers locaux - dont les taux d'intérêts selon notre enquête peuvent facilement atteindre 60% ou plus. 100% des petits commerçants interrogés par EW nous ont dit avoir des prêts en cours auprès de ces "requins". Tout retard de remboursement est suivi de sérieuses représailles : insultes, intimidations et tabassages. EW en conclut, malheureusement, que cette population pourrait avoir autant besoin d'un soutien sous forme de microcrédit que les plus pauvres... Sinon, en effet, elle demeure dans un état de servitude perpétuel où l'on passe la totalité de la saison à rembourser les emprunts de l'année précédente, pour de nouveau avoir à emprunter pour la "soudure" avec la saison à venir...
La saison touristique est bien courte : les plages du Sud de l'Inde n'attirent les riches occidentaux que lorsque ceux-ci fuient le froid de chez eux et avant le début de la mousson de l'ouest. La saison dans les montagnes des Ghats l'est également : les touristes (indiens y compris) s'y précipitent surtout lorsque la chaleur en plaine devient insupportable. Il en résulte que les petits commerçants et les hôteliers n'ont que quelques mois de revenus assurés dans l'année - et doivent avoir recours à un 2ème, voire un 3ème emploi pour tenter - en vain - de joindre les deux bouts. En fait, aucune banque ne prête des fonds "de jonction" entre les saisons, si bien qu'il faut se remettre dans les griffes des usuriers locaux - dont les taux d'intérêts selon notre enquête peuvent facilement atteindre 60% ou plus. 100% des petits commerçants interrogés par EW nous ont dit avoir des prêts en cours auprès de ces "requins". Tout retard de remboursement est suivi de sérieuses représailles : insultes, intimidations et tabassages. EW en conclut, malheureusement, que cette population pourrait avoir autant besoin d'un soutien sous forme de microcrédit que les plus pauvres... Sinon, en effet, elle demeure dans un état de servitude perpétuel où l'on passe la totalité de la saison à rembourser les emprunts de l'année précédente, pour de nouveau avoir à emprunter pour la "soudure" avec la saison à venir...
La "gestion des déchets" dans une station balnéaire / "Waste Management" in another chic beach resort - South India... |
La situation serait-elle sensiblement meilleure dans le secteur du tourisme médical - à la renommée internationale ? Ambli, par exemple, a été formée comme spécialiste de "foot massages" (c'est-à-dire massages avec le pied). Ses journées de travail sont très longues, il faut y ajouter 2 heures de navette quotidienne. Elle n'a plus de temps, alors, pour s'occuper de sa propre famille. Elle souffre de douleurs constantes aux genoux et se retrouve au chômage 7 mois de l'année. La seule manière de subvenir aux besoins de la famille est l'emploi de son mari - en tant que "coolie" (journalier) dans le bâtiment. Rien d'une sinécure.
Il semble qu'il y ait peu de solidarité entre les petits commerçants. Beaucoup d'entre eux ne parlent même pas la langue locale et sont souvent considérés comme des "étrangers". Binu, par exemple, a une licence de littérature anglaise de l'Université de Trivandrum, au Kerala et, après une longue période de chômage, partage son temps entre la gérance d'une boutique de souvenirs et de longues heures comme chauffeur d'auto-rickshaw. Raja, un cordonnier spécialisé dans les sandales sur mesure, est arrivé dans une station balnéaire après un échec en tant que technicien audio-visuel et un apprentissage à Kochi dans le travail du cuir. Il semble soutenu par sa forte foi chrétienne, mais son taux d'endettement est déjà lourd et ne fait que croître (départ des Russes, saison maussade...) Il craint même les attaques physiques de son prêteur sur gages.
Cahier de comptes pour les emprunts auprès des usuriers / An account notepad to keep track of repayment installments to the local loan-sharks... |
Sunil, quant à lui, ne parle pas du tout le malayalam (la langue du Kerala) puisqu'il vient de l'Etat voisin du Kernataka (langue : kannada). Après la mort de son père, lorqu'il avait 9 ans, il a dû quitter l'école et commencer à travailler. Il est arrivé sur la côte dans l'espoir d'y trouver de meilleures opportunités, et a débuté comme grouillot dans une boutique pour seulement 1000 roupies par mois (14 €). Cela lui a au moins laissé quelques heures de loisir, qu'il a passées auprès des touristes, sur la plage, où il a fini par acquérir un excellent niveau d'anglais oral ("Ca gaze, mon pote ?"). Après plusieurs années, il a pu gravir les échelons et devenir gérant lui-même. Il rêvait d'envoyer de l'argent à sa mère, pour elle et ses deux jeunes soeurs - mais le rêve ne s'est toujours pas réalisé. Il a avoué ne jamais imaginer pouvoir fonder une famille car, même avec ses journées de 18h, il n'a pas les moyens de subvenir à ses propres besoins.
De nombreux commerçants viennent de plus loin encore. Le nord de l'Inde est bien représenté dans les stations du sud, et avec le même handicap linguistique. Delhi (langue : hindi) est à 50 heures de train. D'autres encore viennent carrément de Pokhara, au Népal - soit plus de 4.000 kms. au nord. 18 heures de travail par jour en haute saison, puis encore une longue période de chômage forcé sans aucune indemnités, et les requins qui rôdent toujours autour...
Menu - Station Balnéaire du Kerala / Menu - Kerala Beach Resort |
Après de nombreuses interviews, il nous est apparu que même la classe soi-disant "privilégiée" des Indiens (commerçants de la classe moyenne) ne bénéficiait guère des retombées économiques. Tina, originaire de l'Etat de Goa sur la côte ouest y a fait faillite, ce qui l'a poussée à déménager au Kerala avec son mari et ses jeunes enfants. Toutes leurs économies ont été engouffrées dans l'achat de stock et Tina a avoué à EW n'avoir plus rien pour la famille. "Nous ne mangeons pas à notre faim", a-t-elle dit. Lors de cette déclaration, elle était enceinte de 8 mois et demi et pensait rejoindre le bercail familial de son mari, au Karnataka, au nord. "Aujourd'hui j'ai fait ma première vente seulement à 19h30 - une tunique à 450 roupies (environ 6 €)... J'espère tenir encore une semaine et, juste après l'arrivée du bébé, je chercherai du travail comme journalière agricole".
Dans les semaines à venir, EW s'efforcera de montrer comment le secteur touristique - sans aucun doute, un vrai géant de l'économie mondiale - pourrait bénéficier à ceux qui se trouvent tout au bas de l'échelle socio-économique. Les prochains articles sur le blog concerneront les activités récentes de EW - en partenariat avec d'autres ONGs indiennes et étrangères - dans le but d'améliorer la condition des fermiers pauvres et des populations tribales du Kerala et du Tamil Nadu, en se basant sur des initiatives de tourisme alternatif. A suivre...
Pêcheurs qui remontent leur filet - des heures de travail, une trentaine d'hommes - pour quelques kilos seulement de poissons / Fisherman bringing in their seine net - half a day's work, some 30 men - all for a few kilos of fish
(Voir plus loin pour d'autres photos)...
ENGLISH-LANGUAGE VERSION :
NEGATIVE IMPACTS OF MASS TOURISM
La cueillette du thé dans une station de montagne - Tamil Nadu / Tea Picking in one of the mountain resorts of Tamil Nadu |
Tourism is, according to the World Travel and Tourism Council, an economic Goliath, representing 9.8% of world GDP in 2012 and providing 277 million jobs worldwide. This amounts to some 2 trillion dollars - twice the weight of the world auto industry, for example. In India - ranked 38th country in the world in terms of tourist arrivals - the sector was responsible for 7.7% of overall employment there. Moreover, it is expected that tourism will experience a huge boom in the coming decade - perhaps as much as +8% per year - due, in part, to the country's "medical tourism" (+30% per year).
If there is no quibbling that tourism represents an important and growing economic sector, there are other pressing questions. Is it truly a model for development ? Is it a sustainable sector ? If tourist dollars are pouring into the country, are they going into the pockets of the rich alone, or are all citizens reaping the benefits ?
Des touristes indiens font leur shopping sur les plages de Kanyakumari / Middle-Class Indian Tourists Out Shopping in Kanyakumari |
A 2012 study undertaken by the World Tourism Council indicates that, since the end of the 20th century, tourism has been an engine for overall economic growth due to numerous factors : the rapid "democratization" of air travel, higher real incomes, effective marketing, a plethora of new tourism services, and internet as a tourist tool. So, ideally, travel and tourism have been seen as an "attractive option to stimulate development in rural and low-income countries and regions that previously relied heavily on agriculture and natural-resource extraction (...), providing the dual advantages of generating employment and income while promoting cultural heritage and traditions". The sector is doubly advantageous, states the WTC report, in as much as it has other positive "spin-offs" like improved infrastructure, enhanced trade and foreign investments. It also allegedly leads to higher "skill levels", and offers enriching "face-to-face" exchanges that can cut across cultural and language differences that are otherwise daunting... (Source: Akinbaode and Braimoh - 2009).
A first obvious question : might one argue that any form of air travel is now utterly reprehensible, given the reality of global warming ?
While it may be possible to get from Paris to Chennai in Tamil Nadu for
just a few hundred euros, it is certainly not "carbon-friendly" to do
so... According to one online CO2 calculator, such a round-trip flight leads to 3.014 tons of added C02 which, unto itself, represents fully half of the annual CO2 footprint of the "average" Frenchman (6.1 tons of C02 per year). While "in country", tourists also demand to recharge their electronic gizmos, want energy-guzzling AC accomodations, and give relatively little thought to the environmental problems linked to their presence - be it water consumption or waste management or land scarcity... After the tsumani hit the southern Tamil coast in December of 2004, for example, coastal fishermen were relocated several miles inland, for "safety" reasons - whereas major hotels were given building permits to develop the coastal area, driving up all real estate prices for the local population. Kanyakumari fishermen were entirely shut out of the beach areas, and left to commute kilometers daily back and forth from the Ransomtown Resettlement Area to get to their boats, for example.
Moreover, in a pinch, when water resources have proven to be lacking, neighborhood pumps for the local citizenry have simply been shut down - in order to keep meeting the needs of foreign tourists... Virtually all Indian water supplies are "iffy", so the Indian bottled-water industry (taken over by Coca Cola and Pepsi, in fact - under the brand names of Aquafina and Kinley) is huge. While 20-30 rupees per bottle is beyond the reach of the Indian poor, tourists generate a huge amount of such plastic waste. Although some plastic is recycled, much is simply dumped. Most fancy resorts or average Guest Houses and hotels collect the gargabe from your room, certainly - only to throw it directly out into one of the millions of open-air dumps across the country... (For the ecologically-minded tourist, think of investing in a re-usable water bottle with a top-grade filtration system before departure)... "Waste management" unfortunately remains an elusive pie-in-the-sky dream. So, the best one can hope for is to limit waste generation to the strict minimum (only carry a re-usable jute bag, for example).
Whereas the World Travel and Tourism Council extolls the virtues of "face-to-face encounters", even supposing the poor chambermaid or room-boy there can speak enough English to have a meaningful exchange, what might be his or her thoughts about the inherent attractivity of foreign tourists whose grilled-fish lunches represents a week's salary, and whose stay in an upscale Ayurvedic Health Spa can easily cost as much in a week - for a few hours per day of medicated hot-oil massages - as 4 months of typical wages ? Grin, bear it, and pray for a tip (and union representation) ? Despite Kipling's famous quote, perhaps the one place East and West certainly do
meet is on the menus of Kerala beach resorts - where Malabar
coconut curry jostles with Scotch whisky, Russian salad, Italian pasta,
French-style "salade niçoise" and American burgers and soda - all at
exhorbitant prices. So much for the thirst of Indian culture... This sociological disregard may also be seen in other areas - like alcohol use and "reasonable" dress codes. Often one gets the feeling that "democratized" tourists figure that if it's OK on the Riviera, it must be OK in South India - where public consumption of alcohol is certainly frowned upon, and where local women, if they go "bathing" at all, simply paddle around close to shore - fully clothed in their sarees... It is an incredible lesson in social blindness to see 20-somethings strutting around in their bikinis as if they owned the place, while their overweight parents head straight in from the beach to sit down at a nice restaurant - clad in only a wet swim suit...
While it is clear that owners of big hotel chains or Ayurvedic Spas have a great financial investment and high returns from tourism, and that poor entry-level workers do not, at least one might assume that the middle-class small, tourist-dependent entrepreneur might nonetheless make an honest living from his trade. After extensive research, EW has concluded that this is far from certain.
Respecter la culture locale ? / Respectful of Local Culture ? |
While it is clear that owners of big hotel chains or Ayurvedic Spas have a great financial investment and high returns from tourism, and that poor entry-level workers do not, at least one might assume that the middle-class small, tourist-dependent entrepreneur might nonetheless make an honest living from his trade. After extensive research, EW has concluded that this is far from certain.
The "tourist season" is highly seasonal : South Indian beach resorts are only attractive when rich Westerners flee the cold at home and before the onset of the Western Monsoon, whereas "Hill Stations" up in the Ghats have takers only for those several months when the heat becomes unbearable down at lower altitudes. So small businessmen and merchants have months with no income whatsoever. Many had second and even third jobs. But this sum was never enough to make ends meet. No banks would lend them tide-over funds, so they are in the hands of local money lenders - whose interest rates were reported to be running at 60% or more. 100% of the small merchants in this EW study reported having outstanding loans to the loan-sharks, and any delay in repayment was met with harsh reprisals - in the form of verbal abuse, intimidation, and actual beatings. So as it turns out, this population might need micro-credit support just as much as totally impoverished groups because, otherwise, they remain in a kind of perpetual bondaged-labor contract - spending the entire tourist season paying off the previous year's loans, only to have to borrow again to make it through the coming year...
Might it be substantially better in the Kerala's internationally-famous medical tourism industry ? Ambli, for example, had been trained as an ayurvedic specialist in "foot massage" (ie. you massage a person using your foot). But work meant long days, an extra 2-hour per day commute, no time with her family, constant knee pain herself, and unemployment 7 months out of the year. The only thing that tided her family through the year was her husband's job as a "coolie" day-laborer in the building trades.
Might it be substantially better in the Kerala's internationally-famous medical tourism industry ? Ambli, for example, had been trained as an ayurvedic specialist in "foot massage" (ie. you massage a person using your foot). But work meant long days, an extra 2-hour per day commute, no time with her family, constant knee pain herself, and unemployment 7 months out of the year. The only thing that tided her family through the year was her husband's job as a "coolie" day-laborer in the building trades.
T-Shirts à vendre sur la côte du Kerala / T-shirts for sale on one of the south Indian beaches |
There seemed to be little or no real group solidarity, and many of those concerned do not even speak the local languages and are made to feel that they were "outsiders". Binu had a BA. in English literature from the University of Trivandrum, in Kerala, but - after a long period of unemployment - split his time between running a trinket-shop and working as an auto-rickshaw driver. Raja, a cobbler specialized in handmade sandals, came to a beach resort only after a failed career as a film technician and an apprenticeship in Kochi, working leather. His strong Christian faith seemed to bouy him, but his debt load was heavy and growing (the departure of all the Russians, a poor season...), and he feared more physical assaults by his loan-shark.
Sunil spoke no Malayalam at all (the language of Kerala), as he was from neighboring Karnataka State (language : Kannada). After his father's death, when he was 9, he quickly left school and started working. He gravitated to the coast in hopes of better opportunities there, and started out as a shop-keep - for only 1 000 rupees per month (14 € !). This at least allowed him some time on the beach to interact with tourists, and he picked up a high level of oral English, by himself ("Yo, man! Howya ?"). After several years he got his way into a trinket-shop, in hopes of sending money to support his mother and 2 younger sisters - a pipe-dream. He cannot ever imagine getting married, as he has no income to support anyone decently, not even himself.
Portrait d'une cueilleuse de thé - Région de Ooty - Station de Montage / Portrait of a Tea Worker in one of Tamil Nadu's Chic "Hill Stations" around Ooty... |
Many came from even farther afield. North Indians were well represented, and all suffered from the same language disadvantage. Delhi (language : Hindi) is some 50 hours away, by train, and others were coming down to work from as far away as Pokhara, in Nepal - over 3.000 kms. to the north. 18 hours of work per day, at high season, and then another round of unemployment with no benefits and the ubiquitous money lenders to keep at bay.
From anything EW was able to ascertain after extensive interviewing, it was apparent that even this allegedly "priveleged class" of Indians ("middle-class merchants") was not enjoying the benefits of a sustainable economic model. Tina, originally from the coastal state of Goa, had already gone bust there, so she and her husband had decided to "shift to Kerala". All their money was tied up in stock, so she reported having nothing left for themselves. "We often go hungry", she admitted. She was 8 1/2 months pregnant and was soon thinking of heading back to her husband's place in Karnataka, to the north. "Today, I made my first sale of 450 rupees (a little over 6 €) at 7:30 pm... I'm hoping to hold on one more week and, as soon as the baby has arrived, I'll be looking for a job as a coolie field-hand back home".
In the following weeks, EW will try and see how the tourist sector - which is a GDP giant - might actually benefit those on the lower end of the socio-economic scale. Our follow-up articles will provide information concerning EW's recent activities with other Indian and foreign NGOs - to improve the lot of poor farmers and Tribal populations in Kerala and Tamil Nadu with different eco-tourism initiatives. More soon, best from EW.
(None of those interviewed wanted their photos or real names published; they agreed to share on condition of their guaranteed anonymity).
(None of those interviewed wanted their photos or real names published; they agreed to share on condition of their guaranteed anonymity).
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