La doyenne de notre association est Mme. Marcelle Lenoble, pharmacienne à la retraite. Après avoir reçu en cadeau un exemplaire de notre Calendrier Solidaire et, suite à un article dans la presse locale sur les activités d'EW, elle a sauté le pas et nous a contactés. Elle souhaitait soutenir nos actions et voulait savoir comment aider.
Lors de notre première visite, il y a déjà quelques années , elle a précisé: "quand on a toujours eu le privilège d'avoir un toit au-dessus de la tête, c'est tout naturel de bien vouloir aider les autres". Jusqu'ici, rien d'exceptionnel de la part de nos membres, si ce n'est que Marcelle Lenoble est née... le 14 janvier 1916. A 95 ans donc, elle milite encore. Quel bel exemple !
Lors de notre première visite, il y a déjà quelques années , elle a précisé: "quand on a toujours eu le privilège d'avoir un toit au-dessus de la tête, c'est tout naturel de bien vouloir aider les autres". Jusqu'ici, rien d'exceptionnel de la part de nos membres, si ce n'est que Marcelle Lenoble est née... le 14 janvier 1916. A 95 ans donc, elle milite encore. Quel bel exemple !
"Je suis fille de petits fonctionnaires", dit Marcelle. Sa maman était Directrice de l'école primaire Renaudot et son père, Inspecteur, a été muté en Bretagne. Ils avaient pour préceptes le travail et la rigueur, et les enfants devaient suivre le mouvement. "C'est aux parents de donner le fil conducteur". Pendant la grande crise des années 30, il fallait, selon le père de Mme. Lenoble, que tout le monde fasse des sacrifices. Il a alors déclaré qu'il renonçait au tabac sur-le-champ, et a demandé à ses enfants de réfléchir à quoi ils étaient prêts, eux aussi, à renoncer. "Pour moi, c'était le sucre. Et encore aujourd'hui je ne peux plus le supporter".
Mme. Lenoble a continué ses études mais avait un "problème d'orientation"... Ne s'estimant pas assez "brillante" pour faire médecine après le Baccalauréat, elle a décidé de faire des études de pharmacie - métier qui de surcroît lui permettrait d'être en contact constant avec la clientèle. L'importance de l'humain, du relationnel. Après l'obtention de son diplôme, elle est montée à Paris pour ouvrir une officine. Féministe de la première heure, sans que le mot s'impose.
"Mon mari exerçait en province, et moi à Paris. J'avais déjà l'expérience de mes parents qui évoluaient séparément". Il n'a jamais été question pour elle de quitter son travail ni de redescendre à Poitiers pour suivre son mari. Au contraire, c'est lui qui montait rejoindre la famille à Paris - Marcelle et bientôt leurs quatre enfants. Pas de compte joint non plus. "Chacun était libre de gérer ses propres affaires", souligne-t-elle.
Mme. Lenoble a perdu son mari en 1981 et vit toujours au-dessus de la pharmacie familiale - devant la gare de Poitiers - (bombardée pendant la Deuxième Guerre Mondiale et reconstruite). Elle est entourée de neuf petits-enfants et aura un septième arrière-petit-enfant d'ici la fin de l'année. (Sa petite-fille est mariée avec un responsable socialiste bien connu).
"Je viens d'une famille laïque, je ne suis pas baptisée bien que la famille de mon mari allait régulièrement à la messe". Le sens de la vie, alors ? La famille, le métier, le respect des valeurs humanistes, manifestement. Madame Lenoble lit beaucoup, maintenant des livres avec de plus gros caractères. "J'ai des goûts très éclectiques en matière de lecture ; j'ai lâché le dernier d'Ormesson mais je l'aime bien, il a un charme fou ; des yeux à vous faire damner", a-t-elle ajouté, avec malice.
"Toute ma vie, j'étais une petite bonne femme - à faire ce que j'ai pu, mais à l'âge que j'ai, je peux bien avoir quelques caprices !" Autonome encore, le verbe juste, l'oeil pétillant, droite dans ses bottes, pimpante et préoccupée encore de l'état de la société et de la manière de contribuer concrètement à un mieux-être collectif. Quel honneur de la compter parmi nous !
(Entretien et photos du 7 juillet 2011)
(Entretien et photos du 7 juillet 2011)
English Version :
EW's senior member is Mrs. Marcelle Lenoble, a retired pharmacist. She had already received a copy of one of EW's Solidarity Calendars from a friend, and then read about the activities of our NGO in the local press and thus decided to contact us about how she could get personally involved.
When we first met, several years back, she indicated that having been fortunate enough to have a roof over her own head made her very aware of the necessity of helping those who were not so lucky in life. While such an attitude may not be exceptional amongst our members, what is absolutely unique is that Marcelle Lenoble was born on January 14th, 1916. At age 95, she is still an activist. What an example.
"My parents were simple provincial civil servants", she indicated. Her mother ran the Renaudot Elementary School and her father was an Inspector who was stationed in Brittany. The parents were firm and expected their children to be exemplary. "Parents ought to be in the driver's seat; that is what it means to provide your children with an education", she added. During the Great Depression, Marcelle's father came and indicated that the hour was grave and that everyone would be expected to make sacrifices. He would give up smoking and asked what Marcelle would forego. She decided on sugar, and hasn't used it since in fact.
She continued her secondary studies and was at a loss as to what profession to pursue. She decided that she didn't have the "brains" to be a doctor so went into pharmacy. The rapport with clients was a real plus; she very much enjoyed the human interaction involved. Once she'd finished her studies, she opened up a pharmacy shop in Paris and was something of an early-day feminist.
"My future husband worked in the provinces and I was smitten with him but I made it clear that I did not intend to give up my profession or my pharmacy. So he commuted up to Paris to be with me and our four children. We never had a joint banking account either. Each was free to manage personal business affairs. I just assumed that these kinds of decisions were 'normal' as I had seen my own parents live apart for years", Marcelle stated.
She lost her husband in 1981 and now still lives above the new pharmacy, across from the Poitiers train station (the old one was bombed during World War II). She has nine grandchildren and will have her seventh great-grandchild by the end of the year (her grand-daughter is married to one of the area's well-known Socialist officials).
"I myself was never baptized ; I come from a resolutely lay family - although my husband's folks were religiously inclined." So what has given meaning to her life ? Her family, her work, a sense of humanist principles. She is still a voracious reader, but now orders books with larger print. "My tastes are quite eclectic - I generally always finish a book once I've started, although I did put aside the latest by Jean d'Ormesson. I generally like his work, though, and the man is charming and has eyes to kill for".
"My entire life, I've just been an ordinary woman, doing the best I could. At my age, though, I figure I'm entitled to a bit of capriciousness", she said, with a glint in her eye. EW's seniormost member is still independent, incisively articulate, elegant and preoccupied about the state of the world and what she can do, personally, to make it a better place. An example for all of us.
(Interview and pictures : 7 July 2011).