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Assemblée le matin à l'école de Sholurmattam / Morning Assembly at Sholurmattam School |
EW et l'éducation chez les enfants tribaux :
3è partie
Voici le dernier volet des trois articles consacrés à la récente mission pédagogique EW auprès des enfants tribaux de la région de Kotagiri, dans les montagnes du nord-ouest du Tamil Nadu. Cendrine et Hervé Paul-Guers, membres EW depuis la création de l'ONG, nous ont fait parvenir ce témoignage :
"L'école de Sholurmattam, à flanc de colline, accueille 300 élèves de la petite
section de maternelle (3 ans) à la 3e (14-15 ans) - dont la grande majorité provient de la caste la plus basse de l'échelle sociale tamoule ("Tribals"). Dans les écoles indiennes, il incombe aux parents de s'acquitter d'importants frais (inscription, ou encore livres, fournitures, uniformes...), mais Sr. Leema, Directrice de l'Ecole de Sholurmattam, nous a dit qu'au moins 50% de ses élèves sont accueillis gratuitement pour cause de grande pauvreté... La
moitié des parents travaillent dans les plantations de thé et gagnent à peine l'équivalent de deux dollars par jour - somme qui ne couvre même pas leurs besoins vitaux. Quand nous descendions sur le terrain de sport, nous trouvions des enfants du village, à moitié nus et sans chaussures. Annick (la fille de Cendrine et Hervé) nous a dit : 'maintenant je sais ce qu'est la vraie pauvreté'.
L'école est desservie par deux services de bus qui amènent les enfants tribaux habitant les villages des alentours. Les cours se déroulent de 8h30 à 15h30. Les lundi, mercredi et vendredi à 9h30 a lieu l'assemblée dans la cour: chant de l'hymne national, rappel des grandes règles de comportement (tenue vestimentaire, principes à suivre et autres exigences), et levée du drapeau le lundi. Il s'agit d'une école bilingue (tamoul - anglais) où les enfants reçoivent des cours de sciences et de mathématiques, d'histoire-géographie, mais aussi une formation en Hindi (langue nationale). Le jeudi - 'Sports Day' - il y a également une initiation au karaté et à la danse.
L'école est desservie par deux services de bus qui amènent les enfants tribaux habitant les villages des alentours. Les cours se déroulent de 8h30 à 15h30. Les lundi, mercredi et vendredi à 9h30 a lieu l'assemblée dans la cour: chant de l'hymne national, rappel des grandes règles de comportement (tenue vestimentaire, principes à suivre et autres exigences), et levée du drapeau le lundi. Il s'agit d'une école bilingue (tamoul - anglais) où les enfants reçoivent des cours de sciences et de mathématiques, d'histoire-géographie, mais aussi une formation en Hindi (langue nationale). Le jeudi - 'Sports Day' - il y a également une initiation au karaté et à la danse.
Hervé mène un "Jeu de Devinettes" / Hervé leads a "Guessing Game" on Dangerous Animals for the Tribal Children |
Toujours, selon Cendrine : "Notre mission d'enseignement s'est passée comme un éclair, surtout la dernière semaine. Cependant, même à la fin de notre séjour, il était toujours
difficile pour les enfants de s'exprimer. Une courte immersion dans des méthodes pédagogiques "à l'occidentale" ne suffit pas à changer fondamentalement la donne : un "bon" élève indien doit être vu mais pas entendu... Ceci dit, partir du quotidien des enfants a été la porte d'entrée la plus
fertile, notamment quand ils ont été sollicités pour parler des occupations de
leurs parents ou des membres de leur village. Partant d'une petite présentation
sur les activités pratiquées à Chembakolli, nous avons demandé à chacun
d'utiliser les différents thèmes abordés (types de culture, cueillette du miel,
différents fruits poussant autour des maisons, animaux d'élevage etc). De telles méthodes ont aidé les enfants à utiliser leur anglais.
Autre élément positif: l'enthousiasme des élèves pour participer à des
sketches ou à des formes d'oral liées à des jeux d'action ou des devinettes (même
si, une fois sur place, beaucoup "séchaient"). Hervé a observé la rapidité
d'apprentissage des enfants, même chez les tout petits (4 ans), quand une
dimension ludique a agrémenté la leçon. Il est plus facile d'apprendre lorsque le professeur demande de se cacher sous la table ou de mettre son cahier sur la tête ! Cela change du "par coeur" - axe privilégié de l'éducation indienne traditionnelle.
Cendrine, Annick et les enfants / Cendrine, Annick and the younger pupils |
Nous avons découvert que notre dernier mardi
était une journée de congé local pour célébrer le « Jackfruit festival ». La
directrice nous a proposé un programme sympathique pour mettre à profit
notre journée: le matin, visite de la plantation de thé voisine qui produit 11,000 tonnes de thé par an, dont la plus grande partie est destinée à l'exportation. La récolte des feuilles (un travail exclusivement féminin) est déjà très rude et mal payée - et les centaines de travailleurs sur le lieu de transformation ont également des conditions très pénibles. Les femmes dans les usines doivent porter des charges allant jusqu'à 40 kilos, et les hommes souffrent aussi (poussières, extrême chaleur).
Après le déjeuner, nous voilà repartis pour l'aventure ! L'école a gentiment
mis Abichek - élève de 3è - à notre disposition pour nous guider lors de la visite du village de Kil-Kotagiri. Nous avons pris le thé avec des parents d'élèves Boduga, un groupe parmi les
peuples «tribaux». Il nous ont offert du «jackfruit», dont la saveur fait penser
à celle du melon. Ensuite, ils nous ont emmenés au temple ; les Bodugas sont animistes (cf: légende du dieu
arbre). Leurs croyances pré-datent la religion hindoue. Sur le chemin du retour, nous avons croisé la professeur d'histoire-géographie, qui a aussi voulu nous inviter chez
elle. Sa famille nous a réservé un accueil chaleureux. Son grand-père
était professeur d'anglais et dessinateur doué. Chez elle, les murs du salon sont ornés de dessins de personnages politiques célèbres
(Gandhi, Nerhu etc).
Cendrine Paul-Guers et le Professeur de Sciences Sociales / Cendrine and the Social-Science Teacher |
Le dernier jour de notre mission, Leema, la Directrice - visiblement satisfaite de notre
travail - nous a demandé de faire une « formation » pour les professeurs de
l'école, afin d'expliquer notre démarche et les techniques
pédagogiques utilisées ; ceci pour inciter les enseignants à varier les leurs.
Nous avons commencé par le jeu « Jacques a Dit », en faisant participer tous les profs, et nous avons
évoqué l'intérêt de varier les situations d'apprentissage pour essayer de
faire parler les élèves (écouter / comprendre / écrire / parler... en paires, en
groupes, ou en classe entière). Il faut également varier les supports : dessins, "flash cards", mots croisés
pour jeux de devinettes. Draps, marionnettes ou voix pour des "action games". Textes à
trous, histoires écrites ou orales pour aboutir à des jeux de rôle, etc... A la fin,
Annick, notre fille - qui a co-animé certains cours avec les tout-petits - a enseigné aux
profs la chanson "Heads and shoulders, knees and toes..." En guise d'au-revoir, Hervé a proposé «un pendu»... Belle participation des
profs de l'école qui étaient jusque-là assez timides."
Hervé Paul-Guers dans l'appartement, en face de l'école / Hervé in the Family's Apartment, right Across from the School |
Cendrine et Hervé ont conclu leur témoignage et leur bilan avec quelques mots concernant les conditions matérielles de leur mission :
"Nous avons déjà évoqué les conditions de logement : Pour la vie quotidienne, il est important de ne pas s'attendre à un niveau de confort européen (pas d'eau courante, fréquentes coupures d'électricité)... Quelques mots sur la nourriture : Leema a veillé à ce que nous soyons bien nourris et la cuisinière nous préparait des plats pas trop épicés. En contrepartie de notre bénévolat, l'école nous a offert logement et nourriture. Après la journée d'école, nous nous baladions à pied dans les environs, avec un couvre-feu imposé à 18h30 - heure de sortie des animaux sauvages (ours, bisons, tigres, etc). Après cela, nous faisions des jeux avec les enfants locaux. Lectures et jeux de société agrémentaient nos soirées en famille... mais pas d'internet. Au cours de nos weekends, nous avons découvert des villes des alentours - Kotagiri, Ooty, Réserve de tigres de Motubalai, ou encore Mysore - magnifique ville historique et culturelle…"
"Nous avons déjà évoqué les conditions de logement : Pour la vie quotidienne, il est important de ne pas s'attendre à un niveau de confort européen (pas d'eau courante, fréquentes coupures d'électricité)... Quelques mots sur la nourriture : Leema a veillé à ce que nous soyons bien nourris et la cuisinière nous préparait des plats pas trop épicés. En contrepartie de notre bénévolat, l'école nous a offert logement et nourriture. Après la journée d'école, nous nous baladions à pied dans les environs, avec un couvre-feu imposé à 18h30 - heure de sortie des animaux sauvages (ours, bisons, tigres, etc). Après cela, nous faisions des jeux avec les enfants locaux. Lectures et jeux de société agrémentaient nos soirées en famille... mais pas d'internet. Au cours de nos weekends, nous avons découvert des villes des alentours - Kotagiri, Ooty, Réserve de tigres de Motubalai, ou encore Mysore - magnifique ville historique et culturelle…"
Cendrine et Hervé ont tiré un bilan très positif de leur mission EW :
"Quelle belle expérience pour nous et nos deux enfants ! La présence de professeurs volontaires a été appréciée
par tous, et perçue comme un échange enrichissant..."
Leema souhaiterait renouveler l'expérience et voudrait que EW envoie d'autres bénévoles ou augmente son soutien financier en faveur des enfants tribaux. Plus facile à dire qu'à faire. Il est clair qu'aucun étudiant français ne pourrait se déplacer pendant l'année universitaire, sans compromettre ses propres études. De plus, des jeunes à peine sortis de l'adolescence ne sont guère préparés à faire face à des défis inhérents à ce genre de mission. Il faut une polyvalence, une maturité, une expérience inter-culturelle permettant aux intéressés de relever les challenges auxquels ils devraient faire face. De plus, les participants éventuels auraient à payer leur billet d'avion aller-retour parce que EW ne prend jamais à sa charge les frais de transport, même pour les stagiaires... Notre ONG continuera à faire de son mieux... Et nous tirons notre chapeau à toute la famille Paul-Guers pour son engagement, son investissement et son enthousiasme - qui étaient de nature à garantir la réussite totale de cette mission.
(Voir plus loin pour d'autres photos)
ENGLISH-LANGUAGE VERSION
EW and Tribal Education - Part 3
The Sholurmattam school has about 300 children, from ages 3 to 14-15, and is made up mostly of tribal children - belonging to the lowest of all castes on the Tamil social scale. All schools in India require parents to pay - tuition, fees, uniforms, books, etc... but Sr. Leema, the Sholurmattam headmistress, indicated that fully half of her student body is given a free ride, as parents are too poor to pay anything at all. At best, parents might hope for a job in one of the neighboring tea plantations, but daily wages there top out at just a few dollars per day - which is not a living wage for a family. When Cendrine and Hervé Paul-Guers would go down to use the school's "sports ground", they'd find children playing there who were only... "half-clothed, and shoeless". Annick, the family's daughter, remarked : "I finally know what real poverty looks like"...
There are two bus services per day to bring in the tribal children from outlying areas. Courses are held between 8:30 a.m. and 3:30 in the afternoon, and three times per week there is a general assembly - with the national anthem and a raising of the flag, and a reminder about basic rules - including the dress code and expected behavior. In addition to classes in Tamil and in English, sciences and math and social sciences, students also get instruction in karate, Hindu language and dance.
There are two bus services per day to bring in the tribal children from outlying areas. Courses are held between 8:30 a.m. and 3:30 in the afternoon, and three times per week there is a general assembly - with the national anthem and a raising of the flag, and a reminder about basic rules - including the dress code and expected behavior. In addition to classes in Tamil and in English, sciences and math and social sciences, students also get instruction in karate, Hindu language and dance.
Cendrine indicated that the tail-end of their pedagogical mission just sped by. Madame Paul-Guers noted that it was still somewhat difficult to get pupils to open up and participate. A few short weeks of "Western-style" education was not necessarily enough to overcome a life-time of taboos ; an Indian pupil is definitely meant to be seen and not heard ! However, many students, said Cendrine, were eager to share their own life experiences and the Paul-Guers team was able to use this as a valuable starting point. Get the children to talk about their household activities and village life. After one such presentation, Cendrine asked each one of the pupils to develop all the possible themes that had been brought up, namely the types of harvests, the way to collect mountain honey, the types of vegetation and fauna around them... All of this proved very fruitful and helped draw the children out, so that they could express themselves in English.
Another very positive element : the children were very enthusiastic about participating in all sorts of sketches, or oral exercises linked to "action games" and guessing games and role-plays. Hervé was struck by the rapidity with which kids were mastering all sorts of new information, including the very youngest pupils (about age 4). It is always nice to learn while having fun, rather than relying just on rote memorization, a pillar of traditional Tamil education...
Cendrine en cours avec les petits / Cendrine in Class with Some Younger Pupils |
The last week of the latest EW teaching mission was marked by a day off for the children, as it was the Tamil "Jack-Fruit Festival" ! This was put to good use, giving the Paul-Guers family the opportunity to go visit one of the local tea estates, which alone produces 11,000 tons of tea per year, much of it for foreign export. The tea harvest (an exclusively female job) is already very physically demanding and poorly paid, and those hundreds of workers on any single tea plantation, during the 4-step process to prepare the tea leaves, also work in difficult conditions. Women carry loads of up to 40 kgs. (88 lbs.) and men's work is also grueling.
Later that same day, the family was provided with "student guides" to go and visit and share tea with some tribal families - whose religious beliefs pre-date Hinduism (these peoples are animists). The social-science teacher also invited the Paul-Guers family in to visit with her own family and the welcome was extremely warm. Her father, a former teacher of English, was also a very talented artist and the walls of the home were filled with drawings of some of India's most famous personnages (Gandhi, Nehru)...
Assemblée du Matin / Morning Assembly |
The last work day, Headmistress Leema asked the EW couple to come in and provide a special teacher-training lesson, so that all the other teachers in Sholurmattam might benefit from these new Western pedagogical methods. So Cendrine and Hervé explained their outlook and the types of activities they'd been using. They had the staff members themselves playing "Simon Says" and then discussed the benefits of regularly varying learning situations, and getting the pupils to work in pairs or small groups. How to use drawings, news articles, puppets, games, flash cards, role plays, fill-in-the-blanks, etc... and the session ended with daughter Annick leading a round of "Heads and Shoulders, Knees and Toes" ! It was wonderful to see all the Indian teachers participating enthusiastically, they who also tended to be on the shy side...
Plantation de thé - une grande partie de la production locale est destinée à l'exportation / Tea Estate : Much of the Local Tea Production is for Foreign Export... |
Hervé and Cendrine included a word or two about their living conditions before summing up their stay in the Nilgiris region. The school cook perfectly catered to the family's needs by preparing food that wasn't "overly spicy" and the school provided totally free room and board in exchange for free courses. There was certainly free time after school to discover the area, but there was a kind of imposed curfew as of 6:30 p.m. - due to all the wild animals in the area who would come out to drink at that time of day - be they tigers, bears, or wild bison. So evenings were spent playing with local children or engaged in family activities indoors. Weekends were used to roam farther afield - to Ooty, the famous "hill station" nearby, or to the Motubalai Tiger Reserve or the heritage site of Mysore...
Overall, said Hervé and Cendrine, "this was a wonderful experience for us and for our two children". And these feelings were obviously reciprocal, as Leema, the Headmistress, was eager for EW to send down yet other interns to pursue the project or to invest directly in her particular school for tribal children. Easier said than done. Obviously, no French students would be coming down during the academic year - an interference with their own studies. Moreover, young 20-somethings are not always prepared to tackle these kind of challenges, when they, themselves, have never been abroad at all and have no idea of what might be waiting for them from a socio-cultural point of view. It is also necessary that any future participants pay their own way down to India, as EW does not subsidize any foreign travel costs, even for our interns. EW will continue to do its utmost, and hats off to the entire Paul-Guers family for their commitment and investment and enthusiasm to make this EW mission a total success.
Overall, said Hervé and Cendrine, "this was a wonderful experience for us and for our two children". And these feelings were obviously reciprocal, as Leema, the Headmistress, was eager for EW to send down yet other interns to pursue the project or to invest directly in her particular school for tribal children. Easier said than done. Obviously, no French students would be coming down during the academic year - an interference with their own studies. Moreover, young 20-somethings are not always prepared to tackle these kind of challenges, when they, themselves, have never been abroad at all and have no idea of what might be waiting for them from a socio-cultural point of view. It is also necessary that any future participants pay their own way down to India, as EW does not subsidize any foreign travel costs, even for our interns. EW will continue to do its utmost, and hats off to the entire Paul-Guers family for their commitment and investment and enthusiasm to make this EW mission a total success.
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